Chapitre IV. La dynastie d’Akkad ou d’Agadé (2335-2150 av. J.-C.)

L’unification des états rivaux de Mésopotamie et la fondation de la nouvelle capitale à Agadé au nord du pays de Sumer sont l’œuvre du sémite Sargon. Il ouvre ainsi une nouvelle ère et amène un esprit créateur qui, sans rompre avec la tradition sumérienne, va se manifester par un sens du mouvement allié à la grandeur. Le pouvoir central donne ses directives et attire les artistes qui œuvrent à son service. Il en résulte une sorte de monopole de l’art officiel et une raréfaction des initiatives personnelles. Les simples particuliers ne semblent plus être aussi nombreux à avoir accès aux temples par l’intermédiaire de leurs statues votives. Il est probable que l’arrivée des Sémites au pouvoir, bien qu’ils se coulent dans une certaine tradition qui leur fait adopter l’écriture cunéiforme en la modifiant et en l’utilisant pour traduire leur langue akkadienne, s’est traduite par des transformations notoires dans le culte et en particulier dans une sélection hiérarchique des ex-voto dont le nombre semble diminuer notablement1. On constate en effet une baisse quantitative de la sculpture, compensée par une qualité technique évidente.

L’inscription sur les monuments se généralise, mais nombreux sont ceux qui ont été sévèrement mutilés, privant la postérité d’une précieuse identification. Il ne faut pas croire en tout cas qu’il y eut en Mésopotamie une coupure nette et l’hésitation sur la date est permise en bien des cas. Henri Frankfort a remarqué, dans le quartier d’habitations de Tell Asmar, la continuité frappante entre le Dynastique Archaïque et l’époque d’Akkad, la différence entre les deux périodes ne se révélant que dans la poterie et les cylindres-sceaux2. Certains traits se dégagent cependant, et il est normal qu’ils soient plus accentués dans la sculpture royale que dans la sculpture populaire qui n’est pas atteinte par le changement politique. Ainsi certaines œuvres du début d’Akkad sont pratiquement interchangeables avec celles de la fin du Présargonique et le même phénomène se reproduira entre la production de la fin d’Akkad et celle de l’époque néo-sumérienne.

Les scènes mythologiques ou cultuelles des cylindres-sceaux de l’époque sont précieuses pour définir l’aspect général des divinités et des fidèles, mais nous verrons que la traduction en ronde bosse ne correspond pas forcément à cette imagerie. En effet si les dieux et les déesses des cylindres sont vêtus du kaunakès à volants rectilignes dégageant le plus souvent l’épaule droite et coiffés de la tiare à cornes vue de face sur le visage de profil, les prêtresses ont adopté le même kaunakès, comme nous le montre la propre fille de Sargon sur un relief d’Ur. De même il y a une plus grande variété dans le vêtement des humains en ronde-bosse qu’en glyptique où hommes et femmes portent une même tunique unie découvrant une épaule, bordée d’une large bande frangée en bas et sur la poitrine et liserée verticalement d’une frange striée en biais sur le devant. Les hommes sont rasés ou barbus avec les cheveux en chignon étranglé au milieu par un lien. Les femmes ont les cheveux dans le dos ou en chignon sur la nuque, maintenus par un bandeau. L’étude de R.M. Boehmer sur le développement de la glyptique d’Akkad a bien mis en valeur la continuité d’une tradition puisée dans le Dynastique Archaïque et qui se prolonge durant la période néo-sumérienne3.

Personnages

Mésopotamie

1) Divinités

Les statues de dieu ou de déesse de l’époque d’Akkad se dérobent toujours à nos recherches. Seule lnanna/Narundi de Suse témoigne d’une statuaire divine de facture mésopotamienne à la fin de l’époque4 (Pl. 96). Le gouverneur (ensi) de Suse, Puzur (ou Kutik)-Inshushinak l’a fait sculpter et ériger dans un petit temple, non sans y avoir fait graver une double inscription en akkadien et en élamite sur les deux montants du siège sur lequel elle est assise5. Quatre lions sont sculptés en relief sur le tabouret cubique sans dossier : deux, assis sur chaque côté, et deux debout tenant un poteau sur la face postérieure, tandis que deux autres lions couchés, de part et d’autre d’une rosace à huit pétales, ornent le devant du socle, sous les pieds nus de la déesse. Le vêtement est encore le kaunakès aux mèches onduleuses lancéolées, mais recouvrant les deux épaules en formant une sorte de pélerine, héritage de la chasuble-manteau de la fin du Présargonique (ci-dessus, p. 111). Le décolleté arrondi est bordé de plusieurs rangées de galons, à moins qu’il ne s’agisse d’un collier à plusieurs rangs qui n’est toutefois pas encore celui au ras du cou que porteront les femmes de l’époque néo-sumérienne. Les volants couvrent les bras jusqu’aux poignets et les deux mains ramenées sur la poitrine tiennent un gobelet évasé à droite et une palme à gauche. Une attitude identique s’observe sur une très petite statuette trouvée à proximité du temple de Ninhursag6. Le visage de Narundi est détruit, ni nez ni bouche ne sont visibles et les yeux sont deux grands trous pour des incrustations. Un revêtement d’or sur tout le visage nous paraît toujours l’explication la plus satisfaisante7, il expliquerait au mieux les trous que l’on remarque entre les orbites et les multiples perforations du pavillon de l’oreille. Les cheveux sont tressés et contournent les oreilles pour finir roulés en chignon, à moins que le dessin en languettes striées imbriquées, visible sur le côté droit de la tête, ne représente une résille enserrant la chevelure. La coiffe qui la surmonte comporte quatre paires de cornes superposées, fixées par-derrière de part et d’autre d’un montant posé sur la masse du chignon. L’ensemble est maintenu en place par un bandeau dont la plus grande largeur a été creusée pour recevoir une incrustation de matière précieuse qui pouvait encore être de l’or. C’est la plus ancienne tiare à cornes en ronde-bosse que l’on connaisse et elle ne changera guère pendant plusieurs siècles, mais on peut ainsi comprendre son agencement, alors que sur les cylindres ou les reliefs contemporains, elle est toujours représentée de face sur les têtes de profil, et cela jusqu’à la 1ère dynastie de Babylone, comme l’avait remarqué Unger8.

L’inscription de Puzur-Inshushinak, contemporain de Naram-Sin et de Sharkalisharri9, montre qu’il n’y a pas eu rupture de tradition avec le Présargonique et ce terme se trouve ainsi pleinement justifié. On peut cependant tenir compte d’un certain décalage de mode dans la périphérie, car la glyptique néo-sumérienne présente les dieux et les déesses en kaunakès à volants rectilignes découvrant une épaule, la droite généralement. Ceci se remarque surtout pour les déesses des scènes de présentation, alors que les déesses lama de la Ière dynastie de Babylone ont les deux épaules couvertes10.

2) Souverains

Ce que nous connaissons des statues royales akkadiennes nous vient de Suse par le truchement du Roi Shutruk-Nahhunte qui les razzia au XIIe siècle av. J.-C. à Agadé, à Sippar et dans d’autres villes mésopotamiennes. Sans ce pillage, nous ne saurions rien de l’atelier de sculpture impérial, puisque l’emplacement d’Agadé échappe encore aux recherches.

Une remarque s’impose dès l’abord : la statuaire royale, d’après les éléments connus, est à l’échelle humaine ou plus grande que nature, ce qui est nouveau. Cela s’explique par le fait que les conquérants mènent leur armée jusqu’à des régions lointaines d’où ils rapportent pierres et métaux en butin. Sargon, le premier, se vante d’avoir « amarré au quai d’Akkad » les bateaux de Meluhha, de Magan et de Tilmun11. La diorite de Magan, bien avant Gudéa et Ur-Nammu, est ainsi mise à la disposition des sculpteurs de la cour en quantité suffisante pour façonner statues et stèles. La gloire du roi se manifeste autant par la grande taille que par le long bulletin de victoire inscrit12 et par la malédiction contre toute usurpation éventuelle du monument13.

Cependant il faut bien souligner qu’à l’exception de la tête de bronze de Ninive et de quelques têtes anonymes en pierre, toutes les statues connues étant décapitées, nous savons mal comment se présentaient les princes de la dynastie d’Agadé.

Du fondateur de la dynastie, Sargon, aucune statue inscrite n’est connue. D’après un fragment de stèle en diorite14 sur laquelle il est nommément désigné, on le voit vêtu d’une robe en toison laineuse à mèches ondulées15 qui dégage exceptionnellement l’épaule droite, portant une longue barbe pointue ; un bandeau maintient ses longs cheveux roulés en un chignon qui pointe vers l’arrière.

La coiffure et la barbe de cette effigie de Sargon sont celles de la tête en cuivre, découverte à Ninive en 193116 (Pl. 97). Le bandeau tressé qui enserre la tête présente le même travail que celui du casque d’or de la tombe de Meskalamdug à Ur ou de la coiffure du roi Lamgi-Mari (ci-dessus, p. 89), mais à la différence de ces deux exemples présargoniques, les cheveux longs, au lieu de former un chignon serré au milieu par un lien horizontal, sont enserrés dans un filet sur la nuque et l’extrémité des mèches repliées est entourée d’un triple lien vertical, formant une saillie vers le haut comme sur la stèle. Des lignes ondulées sont gravées sur le sommet de la tête, comme on le voit sur un autre fragment de stèle en diorite où un guerrier pousse des prisonniers17 (Fig. 47). Tous ces détails, excepté le chignon, figurent sur un dos de tête en pierre d’Ur (Fig. 48), qui se trouve ainsi bien datée de l’époque d’Akkad18.

47. Stèle de victoire akkadienne. Diorite.

48. Ur. Dos de tête masculine nattée. Dolérite.

La tête de Ninive témoigne aussi de la continuité avec la période précédente par le procédé des yeux incrustés, aujourd’hui disparus, et par les sourcils en arêtes de poisson utilisés déjà à Mari, par exemple chez le roi lku-Shamagan (ci-dessus, p. 88). Ce qui est nouveau, c’est le traitement de la barbe et d’une fine moustache faite de languettes calamistrées sur la lèvre supérieure et sous la lèvre inférieure. Trois rangées de mèches ondulées couvrent la figure, partant haut sur la joue et continuant en mèches torsadées deux fois plus grosses qui tombaient en deux pointes latérales sur la poitrine. Ce n’est donc plus la barbe carrée d’une seule venue. L’œuvre est d’une qualité exceptionnelle par le modelé des joues, la finesse du nez légèrement aquilin, le dessin charnu des lèvres, la juste proportion de l’ensemble. Mme Strommenger a noté la mutilation intentionnelle et symbolique des oreilles, due à un ennemi19. Cette tête vraiment royale peut être celle de n’importe lequel des rois de la dynastie20, mais rien ne s’oppose à ce qu’elle soit une image du fondateur et l’hypothèse de M. Mallowan suivant laquelle elle a été dédiée par son fils Manishtusu dans le temple qu’il édifia pour Ishtar à Ninive est fort plausible21.

Une tête mutilée en pierre, trouvée à Tello, d’une facture tout à fait semblable, peut également être attribuée au même roi22 (Pl. 98). On y remarque en particulier les mèches tombant sur la nuque, comme sur la tête de Ninive.

Une œuvre d’une grande qualité est offerte par une petite tête en albâtre de Bismya, coiffée d’un large bandeau uni23 (Pl. 99). L’homme a le nez légèrement busqué, les yeux incrustés de coquille sous des sourcils arqués qui se rejoignent, creusés pour une incrustation perdue. Une courte barbe en pointe envahit très haut les joues en formant une ligne sinueuse qui va rejoindre la moustache. Le dessus du crâne est uni, couvert d’un tissu, comme le porte un porteur de chevreau de Mari (ci-dessous, p. 161). Cette tête est l’héritière directe du D.A. III avec ses yeux et ses sourcils incrustés, mais elle pourrait être aussi néo-sumérienne, car un porteur de tribut du socle de la statue d’Ur-Ningirsu de Tello, (ci-dessous, p. 196) porte la même coiffure et une barbe analogue24. Quoi qu’il en soit, cette tête est un chef-d’œuvre par la maîtrise avec laquelle sont rendus les détails comme les paupières, le modelé des joues et le pavillon des oreilles et elle mérite d’être royale.

Nous considérons de la même époque un fragment de visage en diorite, grandeur nature, précipité dans un puits de briques cuites du temple d’Ishtar à Mari25. Le nez est cassé, mais il reste le beau modelé des joues limitées par une barbe faite de bouclettes ondulées, terminées par un enroulement complet ; la moustache est traduite par une « bandelette couverte d’incisions ondulées », donc traitée différemment de la barbe comme sur la tête de Ninive. Il reste juste assez de l’orbite des yeux pour constater qu’elle était creusée pour une incrustation et le bord des paupières ne forme pas de bourrelets comme en sculpteront les artistes néo-sumériens ou babyloniens. La bouche est d’une grande sensibilité. En même temps que ce fragment, deux autres morceaux de diorite avaient été jetés dans le puits : un poignet cerclé d’un bracelet plat uni et une main droite posée ouverte sur un vêtement, comprenant seulement l’intérieur de trois doigts à plat et le pouce revenant sur la paume26. Le vêtement est orné d’une torsade dont le mouvement coudé laisse supposer qu’il s’agissait d’une statue assise où la main droite ouverte reposait sur le genou. Un tel geste s’observe sur le fragment de stèle de victoire en diorite de Sargon où le peu qui reste de la déesse Ishtar devant le filet des prisonniers montre la main droite posée à plat sur les genoux, paume vers le haut27. Il n’est pas certain que ces trois morceaux appartenaient à une seule et même statue, mais la matière, les proportions et l’endroit de la trouvaille sont des indices favorables. Les inscriptions de Sargon citent Mari parmi les conquêtes du roi et il ne serait pas surprenant qu’il y ait érigé sa statue28.

49a-b. Kish. Têtes barbues. Albâtre.

Nous citons ici deux têtes de Kish, l’une coiffée d’un béret plat posé sur un bandeau rond, l’autre portant une tiare basse s’évasant vers le haut, qui doivent dater du début de l’empire d’Akkad29 (Fig. 49 a-b). Toutes deux sont barbues, mais la seconde a la lèvre supérieure rasée. L’homme à la tiare évasée a de grands yeux ronds largement détourés. Ses cheveux contournent les oreilles et sont massés assez courts sur la nuque. Un couvre-chef assez analogue était porté par des dignitaires du D.A. III à Kish et à Mari, d’après des incrustations de coquille30, et sur des empreintes de Fara31. Le « héros de Kish » est coiffé de la même manière sur de nombreux cylindres de l’époque d’Agadé où il maîtrise des animaux sauvages32. Leur provenance va de Suse33 à Tépé Gaura34, en passant par Tell Asmar35, mais paradoxalement Kish n’en a livré qu’un exemplaire36, alors que les tombes d’Ur contenaient les plus nombreux et les plus importants d’entre eux37. Il n’y a pas lieu de s’en étonner puisque la propre fille de Sargon « roi de Kish », la princesse Enheduanna, était prêtresse du dieu lune à Ur et qu’elle y avait drainé avec son entourage la tradition de Kish. C’est ainsi que des sceaux-cylindres du majordome de la princesse, d’un scribe et d’un autre serviteur d’Enheduanna38 montrent bien la tiare légèrement évasée, les cheveux massés sur la nuque, la longue barbe descendant sur le torse nu. L’homme est vêtu d’une sorte de culotte courte bordée d’un léger bourrelet au-dessus des genoux. Il ne faut probablement pas y voir un roi de Kish, mais la personnification d’un héros légendaire, à l’instar du héros Gilgamesh à la tête bouclée de face, protagoniste de combats contre les animaux comme à Ur39, mais qui ne figure pas sur les mêmes scènes de cylindres que le héros de Kish.

Du successeur et fils de Sargon, Rimush, aucune statue inscrite n’est parvenue et pourtant nous savons qu’il en existait, par les copies d’inscriptions faites par un scribe de Nippur d’après les statues royales déposées dans l’Ékur du dieu Enlil40. Son frère Manishtusu, qui régna après lui, est mieux connu, bien que ses statues aient été affreusement mutilées à travers les vicissitudes des pillages et des déportations41.

Ces membra disjecta ont été étudiés pour la première fois par Mme Strommenger qui en a proposé des descriptions détaillées42 et repris par A. Moortgat43. Depuis lors P. Amiet a pu remonter ou compléter des statues qui sont exposées au Musée du Louvre44. C’est ainsi que la jupe en diorite du roi, apportée à Suse par ShutrukNahhunte45 a retrouvé son orientation grâce aux mains jointes qui ont repris leur place au-dessus de la ceinture46 (Pl. 100). Les doigts fuselés ont les phalanges indiquées par trois incisions transversales et les ongles très courts sont bien délimités. La main gauche soutient l’autre, les phalanges légèrement pliées, geste que l’on retrouve, traité un peu différemment, chez Gudéa. Si le buste, la tête et les pieds manquent, la longue jupe et la ceinture forment encore un morceau magnifique, révélateur du changement survenu dans la sculpture royale. Le tissu, probablement en fine laine tissée, est bordé d’un galon auquel sont fixées plusieurs sortes de franges, formées par l’aboutissement de la trame et de la chaîne : la frange est courte et fine dans le bas, plus longue, et faite de sept brins de laine liés à l’extrémité pour constituer un gland, sur le côté. Le principe est celui de la jupe « portefeuille », pièce d’étoffe rectangulaire enroulée autour des hanches et des jambes et recouvrant largement son point de départ. À la taille, une large ceinture du même tissu est drapée et son extrémité passant en dessous ressort par-derrière, terminée par les mêmes glands que le côté de la jupe, aboutissement de la queue de toison présargonique. La souplesse de la matière est admirablement traduite par des ondulations parallèles sur la ceinture et sur le devant de la jupe, ce qu’Anton Moortgat a joliment exprimé par « de longs plis en diagonale ondulant comme de l’eau sur laquelle souffle le vent »47. On est loin de la raideur présargonique, mais il faut souligner qu’il s’agit probablement là de la tenue de cour, puisque Sargon en tenue militaire porte sur sa stèle un vêtement à mèches laineuses, comme Naram-Sin sur la stèle de Pir-Hussein48.

Une statue en calcaire, dont l’inscription a disparu avec le haut du corps, a été trouvée à Suse en même temps que la statue en diorite49 et son aspect est très semblable avec la longue jupe à bordure frangée (Pl. 101) ; pour cette raison cette seconde statue a été traditionnellement attribuée à Manishtusu. La statue en calcaire a une particularité importante : son socle — qui, avec les pieds, a disparu de la statue en diorite — est sculpté en bas-relief de quatre corps nus, couchés dans une attitude différente, sur lesquels sont gravés leur nom50. Il s’agit de princes vaincus et tués par le roi et il est probable qu’un cinquième corps a disparu dans la grande cassure arrière gauche du piédestal, par raison de symétrie qui a disposé un corps sous les pieds et deux de part et d’autre. Deux d’entre eux sont identifiables : l’ensi Akukuni et Urnuntag (ou Urishum), ensi de Nirab. Comme l’a noté P. Amiet, la sculpture des corps est médiocre, ainsi que les pieds nus taillés dans une niche rectangulaire évidée entre le bas de la jupe et le socle. Ce procédé de l’évidement pour les pieds se retrouvera sur les statues debout de Gudéa. Malgré l’aspect fruste de cette statue qui a dû être réemployée, car elle porte une série de cupules sur le devant et le dos de la jupe, le modelé est traité avec autant de sensibilité et de souci d’observation que la statue de Manishtusu. Le mouvement du pan qui recouvre le ventre, plus court devant puisqu’il est rentré sous la ceinture dans son angle supérieur, est bien rendu par l’indication de plis souples et par la frange inférieure qui surmonte celle du départ de l’enroulement. On voit bien ici que la frange latérale de trois brins liés en un gland est issue de la chaîne du tissu, alors que pour la statue de diorite elle semblait fixée à un galon.

Le fait que le socle de la statue ait été inscrit milite en faveur d’une inscription sur le buste. Quel était le roi personnifié ? Nous proposons d’y voir Sargon ou son fils Rimush en tenue de cour pour célébrer ses victoires. On sait, grâce au scribe consciencieux de Nippur au début du IIe millénaire, que les nombreuses statues de Sargon, de Rimush et de Manishtusu réunies dans le temple d’Enlil portaient des inscriptions sur leur socle et, à la lumière de la statue du Louvre, on peut comprendre comment elles étaient gravées sur ou à côté de leur effigie51. Or d’après ces textes, Sargon avait cinq statues qui portaient respectivement sur leur socle les rois vaincus Lugalzagesi et Mese (Sargon b 1), Lugalzagesi (Sargon b 6, b 7 et b 13), sept princes, ensi shakkanakku, DI-KU (Sargon b 9)52. Rimush, comme son père, avait de même deux statues de victoire avec mention de rois et d’ensi sur son socle (Rimush b 1 et b 5)53. Par contre les inscriptions de Manishtusu ne mentionnent pas de socle inscrit, non plus que celles de Naram-Sin, copiées sur des statuettes d’Ur54. La matière peut aussi expliquer une époque antérieure à Manishtusu qui a généralisé l’usage de la diorite, en se vantant d’avoir rapporté à Agadé les « pierres noires » depuis « les montagnes de la Mer inférieure »55. Déjà Sargon avait ramené en butin de la diorite de Magan qu’il avait utilisée pour ses stèles, mais les conquêtes étaient sans lendemain et toujours à renouveler. On peut supposer qu’au temps de Rimush la réserve de diorite ait été épuisée et dans ces conditions la statue de calcaire pourrait lui être attribuée de préférence à son père Sargon et à son frère Manishtusu56.

Plusieurs morceaux de diorite, remontés au Louvre grâce aux recherches de P. Amiet, permettent de se faire une idée de la façon dont se présentait Manishtusu assis, alors que les fragments étaient connus isolément57 (Pl. 102). Le roi porte la jupe bordée latéralement de la frange à glands et le pan de la ceinture sur la hanche gauche se termine par deux rangées de ces glands, formés de sept ou huit brins comme sur la statue debout. Le tabouret royal est intéressant, car il est fait de superpositions de fascines de roseaux ou de paille ligaturées par des liens de cuir ou de textile très visibles. Les extrémités de ces fascines, taillées net, ressemblent à des rondins superposés. De tels sièges étaient déjà utilisés à Mari au D.A. III, d’après des éléments en coquille58. D’autres fragments de diorite appartenaient à des statues légèrement plus petites. Elles sont exposées au Louvre avec la restauration précédente. Il s’agit de jambes pliées au genou avec la frange à glands descendant sur le côté gauche où les plis du tissu sous le genou montrent le même souci d’exactitude que la statue debout59. Le second fragment est un torse très mutilé, à la poitrine et à l’épaule droite nues, le dos et l’épaule gauche étant couverts d’une sorte de châle à mèches espacées légèrement ondulées60. Le bras gauche, largement dégagé, revient sur la poitrine dont les côtes saillent, détail que l’on voit pour la première fois sur une statue. Le poignet est paré d’un large bracelet, formé de deux rangs d’anneaux ovales se rétrécissant vers un gros cabochon, probablement en pierre semi-précieuse, alors que le bracelet devait être en métal. Les mains jointes manquent comme sur un autre buste, plus cassé encore, qui montre le même bracelet au poignet gauche61.

L’ensemble du vêtement est mieux compris, comme l’a signalé Mme Strommenger, grâce à une statue anépigraphe d’Assur62 (Pl. 103). La tête est coupée au ras du cou, il ne subsiste que l’amorce des jambes et les mains jointes ont été arrachées, mais elle reste la plus complète des grandes statues de l’époque d’Agadé. La jupe est la même que celle de Manishtusu, mais traitée avec moins de souplesse. Les plis latéraux descendant de la ceinture sont à peine esquissés, de même que la frange à glands. La ceinture est plate et rigide, divisée en trois bandes par deux rainures longitudinales. Le torse est nu devant et les pectoraux sont légèrement marqués. Un tissu mince, bordé d’une lisière ouvragée, peut-être brodée, couvre l’omoplate gauche en biais, l’épaule et le haut du bras, englobant le coude. Malgré ce tissu, l’épine dorsale est marquée en creux tout le long du dos, suivant un procédé souvent observé dès le D.A. II (ci-dessus, p. 52, 101) et même à la fin du VIIe millénaire à Çatal Hüyük (ci-dessus, p. 8 s., n. 31, 33). Le bourrelet ovale qui indique maladroitement les omoplates est également visible à gauche sous le vêtement. L’homme portait une longue barbe aux mèches ondulées se terminant en arrondi et il est paré d’un collier court, fait de grosses perles rondes d’où tombe par derrière une courte tige en pointe, qui ne deviendra à la mode qu’à partir de la IIIe dynastie d’Ur semble-t-il63. En comparaison des statues razziées par Shutruk Nahhunte, cette œuvre paraît sortie d’un atelier provincial et doit être le portrait d’un gouverneur sous l’empire.

Les trente-six années de règne de Naram-Sin ne nous ont livré encore que peu de vestiges inscrits en pierre. On peut d’autant plus le regretter que leur qualité artistique est attestée par les pieds nus d’une statue en diorite du roi, reposant sur un socle inscrit64 où il raconte la défaite du prince de Magan et comment de ses montagnes il ramena à Agadé les pierres qu’il avait découpées pour en faire sa statue. La façon si naturelle de traiter les orteils est bien différente du rendu plus grossier des statues présargoniques et même de la statue de calcaire au socle sculpté que nous avons attribuée à Rimush. Les pieds étaient adossés à une paroi rectiligne à l’arrière arrondi pour prolonger le bas du vêtement dont on aperçoit sur quelques centimètres l’étroite bordure frangée.

Du même règne provient un petit buste acéphale en diorite, voué à une divinité au nom incertain, Nin-NÈ-UNU, pour la vie de Naram-Sin, par un haut fonctionnaire de sa maison, Sharrishtakal65. Il s’agit d’un homme66 aux mains jointes, vêtu pour la première fois d’un tissu à large bord frangé qui couvre l’épaule et le bras gauches, passe sous le bras droit, traverse la poitrine en biais, recouvre l’épaule gauche une seconde fois et dont l’extrémité revient enfin sous le bras gauche pour rentrer plissée devant l’aisselle. W. Nagel a dessiné les diverses étapes d’un habillement qui devait être plutôt engonçant67. C’est ce que Mme Strommenger a appelé le « Togagewand », abondamment illustré ensuite par Gudéa68. Les dimensions de la statuette sont en faveur d’un portrait de Sharrishtakal plutôt que de Naram-Sin, mais nous ne savons pas si le costume à franges n’était pas réservé aux souverains.

La découverte fortuite en 1975 de la partie inférieure d’une statue en cuivre grandeur nature, à Bassetki dans le nord de l’Iraq, est venue singulièrement enrichir la connaissance de l’époque de Naram-Sin69. Sur un socle circulaire est assis, les deux jambes repliées à plat de droite à gauche, un homme nu, la taille ceinte d’une haute ceinture à quatre liens, dont l’extrémité sort en un pan sur le côté gauche. La cassure est intervenue au sommet de cette ceinture et a sectionné un pieu serré dans l’espace triangulaire que forment les jambes en avant du sexe. Aucune trace des bras n’est visible. Il s’agit d’une fonte de cuivre en creux ; l’analyse du métal, confiée par R. Moorey au Research Laboratory for Archaeology de l’Université d’Oxford70 a révélé 98,2% de cuivre, avec un pourcentage infime d’arsenic, de fer, de nickel et de cobalt, et ni étain ni plomb. La perfection du modelé des jambes et des pieds, le naturel de l’attitude sont d’autant plus remarquables qu’il s’agit de cuivre pur. L’ensemble de ce qui subsiste pèse 160 kg et la statue complète devait peser le double. Le dessus du socle, en avant de la statue, est gravé d’une longue inscription de trois colonnes de 74 lignes formant un long rectangle parallèle à la jambe gauche. Il y est écrit que le roi Naram-Sin — dont le nom n’est pas précédé du signe divin — procéda à la fondation de cités avec l’aide de différents dieux et l’inscription se termine par les malédictions d’usage contre l’éventuel usurpateur. L’homme est représenté enfonçant le pieu de fondation, comme les dieux à demi agenouillés en bronze de Gudéa (ci-dessous, p. 185) ou celui représenté sur la pierre sculptée de Puzur-Inshushinak (ci-dessous, p. 186, n. 9). Était-ce le roi lui-même qui était ainsi représenté ou un dieu ? Il se trouve que la première divinité invoquée dans l’inscription est Ishtar qui lui donna neuf victoires ; il ne peut donc être question d’elle, tout au plus d’un dieu secondaire comme Shul-utula à Lagash/el Hiba (ci-dessus, p. 78), mais l’importance et la perfection de la statue sont plutôt en faveur d’une représentation royale.

Peut-être peut-on citer ici un étrange petit bronze d’un homme nu assis les jambes repliées, coiffé d’une tiare en tronc de cône, acquis en 1899 par le British Museum dans la même collection que les monuments Blau et des objets assyriens71. La corrosion est grande et a supprimé les détails. L’homme portait une longue barbe arrondie ; une sorte de tenon surmonte la tiare ; les bras reposent sur les genoux. C.J. Gadd, à cause de la tiare, y voyait un roi assyrien humilié devant son dieu. Mme J. Börker-Klähn72 l’a comparé aux statuettes du Louvre et de Zürich de la fin du IVe millénaire (ci-dessus, p. 29). L’attitude nous ramène à la statue de Bassetki. Une analyse du métal pourrait permettre une meilleure approche chronologique, suivant qu’il s’agisse de cuivre ou de bronze.

De Sharkalisharri, nous ne connaissons aucune statue et c’est au shakkanakku d’Élam, Puzur-Inshushinak, que nous devons les statues royales contemporaines de son règne et de la fin de Naram-Sin73. Que le style soit un peu différent ne doit pas nous étonner, car le caractère provincial de l’atelier de Suse n’a pas la qualité royale de celui d’Agadé. Quatre fragments de statues inscrites au nom de Puzur-Inshushinak ont été retrouvés à Suse74, dont la partie inférieure d’une statue grandeur nature, assise sur un siège cubique75 (Pl. 104). Ce qui reste de la jupe en tissu uni montre qu’il porte le vêtement bordé de courtes franges à glands dont le rebord oblique est visible sur le côté gauche au-dessus de l’inscription. Le souverain élamite est chaussé de sandales à lanières de cuir passant à travers des boucles de cuir fixées sur le côté de la semelle et laissant libre le dessus du pied, mais entourant trois fois le gros orteil76. Il est intéressant de noter avec Maurice Lambert77 que « du point de vue philologique la chaussure n’apparaît qu’à l’époque d’Agadé » et plus précisément pendant le règne de Naram-Sin où cette apparition aurait pu naître du « contact prolongé avec l’Iran, terre hostile à la marche par ses montagnes où le port des sandales, sinon même des bottes, est une nécessité ». Bien qu’elle admette que le port des chaussures n’est pas attesté jusqu’à présent avant la stèle de Naram-Sin78, Mme Strommenger pense que cette statue a été usurpée par Puzur-Inshushinak qui aurait réutilisé une statue de Manishtusu. Or justement ce détail important des sandales nous fait penser qu’il s’agit bien d’une statue de Puzur-Inshushinak et probablement, comme le pense R.M. Boehmer79, du début de son règne. De plus la longue inscription80 commémore des victoires militaires sur un territoire dont plus de soixante-dix noms sont énumérés et l’on ne voit pas très bien l’orgueil du souverain s’accommoder d’un réemploi, surtout à une époque où Suse était en bons termes avec Agadé et où l’usurpation d’une statue d’un de ses rois eût été particulièrement maladroite81. D’ailleurs ce qui reste de la statue, en particulier les plis de la jupe et la lourdeur des pieds, n’est pas en faveur de l’attribution de l’œuvre à l’atelier royal d’Akkad sous Manishtusu.

Il est certain que cette statue est la seule parmi celles du prince qui soit vêtue de la sorte, mais en 35 années de règne, la mode peut changer et c’est effectivement ce qui a dû se passer car les trois autres fragments de statuettes retrouvés à Suse montrent que le costume adopté est la « tunique-toge » dont le pan bordé de glands courts couvrait l’épaule et le bras gauche, tombant ensuite jusqu’en bas devant, l’autre bord étant garni d’une frange oblique82.

3) Fidèles

a) Les hommes

Un certain nombre de têtes se rattachent à l’époque d’Akkad. Deux d’entre elles se rattachent aisément au règne de Sargon, par comparaison avec les stèles du monarque. Une petite tête du Louvre83 (Pl. 105) porte bas sur le front une frange bouclée dont les mèches ondulées sont indiquées par de simples sillons gravés, comme on l’observe sur le militaire imberbe qui conduit les prisonniers sur un fragment de stèle en diorite (ci-dessus, n. 17) (Fig. 47). Les cheveux contournent l’oreille bien ourlée et sont coupés courts sur la nuque. La barbe couvre presque toute la joue, mais dégage la bouche et le menton, en collier ; elle se présente en quatre rangées de boucles librement disposées. Le nez est légèrement aquilin, les lèvres sont charnues, les paupières bien marquées, l’arcade sourcilière n’est pas soulignée. Plus proche encore de la stèle de Sargon est une petite tête imberbe du Fogg Art Museum à Harvard dont la provenance est peut-être Kish84. La coiffure est encore plus nettement stylisée, avec seulement les boucles de la frange en relief (Pl. 106).

Plus récente dans sa facture, comme l’a remarqué R. Starr85, une toute petite tête barbue de Tell Asmara été trouvée dans le niveau IV-a des habitations, c’est-à-dire de la fin d’Akkad86 (Pl. 107 a-b). Le dessus du crâne est strié en partant du centre et l’épaisse et courte chevelure montre une deuxième rangée de boucles sur la nuque. De telles coiffures ont été représentées dans la glyptique agadéenne et en particulier à Suse87.

D’un genre un peu différent, mais qui s’y apparente cependant, est une petite tête d’homme barbu aux yeux incrustés de coquille, acquise comme provenant de Bismya88, qui porte une sorte de béret en forme d’écuelle (Pl. 108). Malgré l’état fruste, on distingue le mouvement de la barbe contournant la lèvre inférieure, constituée de deux séries de mèches ondulées superposées que l’on ne trouve pas dans la sculpture présargonique. Le même béret coiffe l’étonnante figure qui domine le bloc sculpté sur deux faces, découvert à Tell Asmar dans le niveau IV-a des habitations89, au même endroit que la petite tête de Chicago. Dominant la montagne, une tête barbue au béret en écuelle s’encadre entre deux personnages debout, face à face, fortement prognathes, à la lourde chevelure terminée en volumineux chignon, vêtus d’une tunique unie, les mains jointes, qui doivent être féminins. Le béret rond ou plat est un couvre-chef typiquement agadéen, porté par des personnages importants, ce que confirme le cylindre de Kalki, « frère du roi », où l’un des protagonistes, imberbe, le porte sur un chignon serré en son milieu90.

Deux têtes barbues du Louvre pourraient être royales si leur petite dimension n’en écartait l’idée. Celle de l’ancienne collection De Clercq91 a les cheveux, finement ondulés et séparés par une raie au milieu, qui contournent l’oreille pour tomber sur la nuque. La cassure ne permet pas de voir comment ils se terminaient ni quelle longueur ils avaient. Une mèche bouclée sur la tempe, devant l’oreille, couvre le départ de la barbe, comme souvent à l’époque présargonique, ce qui indiquerait le début d’Akkad. La barbe, qui monte très haut jusqu’aux pommettes et couvre le dessus de la bouche à la mode nouvelle, est traitée en larges mèches ondulées qui se contrarient pour former les espaces losangiques en chapelet, comme à la fin du Dynastique Archaïque, surtout à Mari. Les yeux sont ourlés avec soin par les paupières et les sourcils en léger bourrelet arqué se rejoignent à la racine du nez dont l’extrémité est cassée. L’autre tête est assez semblable, mais moins soignée, moins aristocratique, pourrait-on dire92 (Pl. 109). Un mince bandeau serre la tête, englobant peut-être un chignon qui a disparu.

Un torse acéphale de Tello appartient aussi au début de la dynastie d’Akkad par son vêtement de toison à mèches en « flammes » tombantes, analogue à celui que porte Sargon sur la stèle de diorite Sb 1 (n. 14) ou la déesse Ishtar et le sacrificateur des ennemis sur la stèle Sb 2 (n. 27)93. Le personnage est assis, mains jointes, l’épaule et le bras gauche couverts, et il est difficile de décider de son sexe. Le même traitement des mèches flammes s’observe sur une statuette probablement féminine, acéphale, du British Museum94.

Au même style se rattachent deux porteurs d’offrande de Mari portant tous les deux un collet couvrant les deux épaules sur un vêtement de mèches flammes ondulées. Tous deux tiennent de leurs deux mains un chevreau ou un agneau, la tête contre leur épaule gauche et la patte antérieure gauche passant sur leur avant-bras. La toison de l’un des animaux est traitée en mèches ondulées95. La partie inférieure de la statuette manque, cassée à la taille. Le visage ressemble tout à fait à celui des deux têtes du Louvre, mais la barbe est faite de plusieurs rangées de longues boucles s’étageant horizontalement, réservant une moustache unie au-dessus de la lèvre supérieure. L’homme a le crâne rasé comme Ebiḫ-il ou Iku-Shamagan, mais il porte par-dessus un fin tissu uni maintenu par un bandeau plat qui le recouvre et dont une extrémité rentrée par en dessous forme des plis au-dessus de l’oreille droite, matérialisés par cinq stries en diagonale. Il n’est pas exclu que le bandeau désigne un roi, d’autant plus que cette coiffure est celle que porte le roi Ishtup-ilum de Mari à la fin du IIIe millénaire (ci-dessous, p. 209). De l’autre statue, il ne reste qu’un torse acéphale96 (Fig. 50). La tête était sculptée à part, car un trou de mortaise rectangulaire de 3 cm de profondeur était ménagé dans le cou, suivant la pratique présargonique. Le vêtement est un peu différent puisque l’homme a ici le bras droit nu sous le collet, ce qui permet d’admirer la musculature d’un fort biceps. Les mains par contre sont assez sommaires, mais le geste est le même que sur un torse en diorite de Nippur où la toison de l’animal est traitée en stries rectilignes97.

50. Mari. Torse de porteur de chevreau. Albâtre.

Dans la même catégorie de porteurs d’animal du sacrifice, nous rangerions volontiers un buste acéphale trouvé également hors contexte à Nippur98. La tête était ici aussi fixée par un tenon dans un trou de mortaise circulaire, en arrière d’une barbe oblongue qui couvre le premier volant en biais d’un vêtement dégageant l’épaule droite. Tout le bras droit est arraché, ainsi que la main gauche, mais des trous au-dessus et sous le poignet indiquent un objet sur la poitrine qui pourrait bien être le chevreau, comme c’était déjà le cas au Dynastique Archaïque sur une statue de Suse (ci-dessus, p. 121). Le kaunakès ici n’est plus fait de mèches lancéolées, mais de volants coupés droit et striés de lignes ondulées, alors que les volants néo-sumériens seront généralement rayés verticalement. Ce buste de Nippur doit donc appartenir à l’époque d’Akkad.

Bien que très différente à tous points de vue, une statuette de porteur de chevreau en bronze d’Assur peut sans doute être de la même époque. Ce n’est plus ici le grand personnage amenant l’offrande à la divinité en vêtement d’apparat, mais le sacrificateur armé du couteau qu’il tient de la main droite, tandis qu’il serre un petit animal dans son bras gauche99. Il n’est vêtu que d’une jupe courte et étroite, serrée par une ceinture100. Son allure élancée est bien dans la tradition des métallurgistes présargoniques. Le cou est exceptionnellement long et mince. De grands yeux en amande évidés, une bouche sinueuse, un menton légèrement prognathe, de larges oreilles décollées et le crâne rasé donnent à ce personnage une allure insolite, d’un type ethnique peu courant, le même peut-être que celui des hommes et des femmes du relief de Tell Asmar (ci-dessus, p. 160).

Également insolite est une petite tête en grès brunâtre, trouvée à Tello et inédite (Pl. 110 a-b). André Parrot la décrit ainsi : « Petite tête d’homme barbu (TP, 430 ; AO 15340) qui n’est certes pas d’un très grand art et que nous avons recueillie en 1932. Le crâne rasé est de type dolychocéphale, les sourcils sont arqués et la bouche entr’ouverte donne à l’expression une sorte de demi-sourire. Ce n’était qu’une épave et l’on serait tenté de retrouver dans cette ébauche la silhouette d’un Sémite »101. Le fouilleur situait l’objet à l’époque néo-sumérienne. Le menton qui avance, signe possible d’une courte barbe en pointe, la forme du crâne, le cou allongé, très rare pour les statues de pierre, nous semblent autant de traits d’un art populaire de l’époque d’Agadé.

Comme à Mari, le port du bandeau uni était déjà adopté sans doute à Girsu dès cette époque. Une petite statue assise de Tello pourrait ainsi prendre place dans la série des statues royales d’Akkad, si l’œuvre n’était vraiment aussi peu digne d’un atelier officiel102 : l’homme est vêtu de la « tunique-toge » qui dégage l’épaule droite et ses mains sont l’une dans l’autre. Les pieds sont nus. L’ensemble est fruste sans en excepter le visage aux yeux sculptés et à la courte barbe en pointe. Il peut s’agir d’un prédécesseur de Gudéa à la tête de la principauté de Lagash.

Un petit torse en pierre bitumineuse de Suse pose bien des interrogations par la qualité de l’exécution, la finesse de l’observation et la hardiesse du mouvement (Pl. 111). Privé de tête, de bras et de jambes, il garde toute sa valeur d’œuvre d’art103. A. Moortgat, qui le rapproche du prisonnier tombé d’une stèle de Suse (Fig. 47) pour l’attitude, et d’un torse en diorite d’Assur104 pour la façon dont la musculature est rendue, souligne le sens du mouvement qui préfigure les caractéristiques de l’art grec et, de fait, on pourrait lui attribuer une époque beaucoup plus récente. Les pectoraux sont charnus et les mamelons indiqués. L’emplacement des côtes est légèrement marqué devant, comme sur le buste de Manishtusu (ci-dessus, p. 154), avec un sillon médian aboutissant au nombril. Les omoplates saillent légèrement et un large sillon descend dans le dos jusqu’aux fesses. Le départ des jambes, qui sont pourtant coupées au ras du torse, montre que la cuisse droite était plus haute que l’autre et il est probable que l’homme était assis à l’orientale dans une attitude analogue à celle de l’homme accroupi entre les pattes d’une lionne, la tête dans sa gueule, qui vient aussi de Suse (ci-dessous, p. 181 ; Pl. 122). On peut attribuer à la même série un petit torse de Suse au Musée de Téhéran105, où l’homme tenait devant lui un grand récipient cassé dont il servait en quelque sorte de poignée, comme c’est le cas de ces vases en pierre bitumineuse, plus généralement datés du début du IIe millénaire106. Le personnage est vêtu d’une jupe unie à large ceinture ; son buste nu forme des plis sous les pectoraux qui sont accentués comme sur le torse du Louvre qui, de ce fait, pourrait bien avoir appartenu à un récipient en bitume. Nous proposons pour ces objets l’époque de Puzur-Inshushinak, comme nous en discuterons à propos de la lionne à l’homme accroupi.

b) Les femmes

Le passage du Dynastique Archaïque à l’époque d’Akkad n’est pas aisé à définir pour les statues féminines et la même difficulté joue entre Akkad et l’époque néosumérienne. Le kaunakès est petit à petit abandonné sauf pour certaines cérémonies et en tout cas les volants, comme pour les hommes, vont être coupés droits et non plus en dents de scie. Le port du chignon se généralise et les cheveux qui couvraient les oreilles au Dynastique Archaïque, les dégagent le plus souvent. Mais ces remarques ne constituent pas une règle absolue et il semble qu’une plus grande liberté soit laissée à la mode. Les inscriptions sont malheureusement presque toujours absentes de cette sculpture fragmentaire.

Un buste acquis par le Louvre en 1912 comme provenant d’Umma est un bon exemple de l’héritage présargonique107, avec son kaunakès à mèches lancéolées qui couvre les deux épaules (Pl. 112), comme la cape-chasuble de Mari (ci-dessus, p. 111 s.). La similitude est grande avec le costume de la déesse Narundi (ci-dessus, p. 144), mais ici l’encolure s’ouvre en pointe. Le cou est inexistant, le visage rond avec des joues mafflues, une bouche bien dessinée et le sillon marqué entre le nez et la lèvre supérieure. Les incrustations des yeux et des sourcils ont disparu et les orbites sont à peine ourlées comme au Dynastique Archaïque, mais deux trous sont creusés dans le fond ainsi que dans les rainures des sourcils à trois endroits, technique que l’on retrouve également chez Narundi de Suse. Les cheveux ondulés sont maintenus par un large bandeau et se terminent en un chignon tressé ou serré dans une résille par un quadruple lien horizontal. Seul le lobe de l’oreille passe sous les cheveux. La similitude est grande avec la petite tête polychrome que nous avons citée à la fin du présargonique (ci-dessus, p. 116), mais alors que les cheveux étaient là stylisés comme la toison du kaunakès et formaient une frange sur le front, ils sont ici copiés d’après nature et séparés par une raie au milieu. De telles ondulations de cheveux sont sculptées en creux pour une incrustation sur un masque en pierre d’une qualité exceptionnelle trouvé à Mari dans un des sanctuaires entourant le « Massif rouge »108. Le modelé des joues, des narines, des lèvres et du menton est particulièrement sensible. Le sourcil gauche était encore incrusté de lapis-lazuli strié en chevrons, et il est probable que l’incrustation des cheveux était de même matière. L’enchâssement de l’œil était également taillé dans du lapis où s’insérait une cornée de coquille qui avait reçu une large pupille de lapis.

Le même procédé d’enchâssement de l’œil dans une sorte d’anneau en pierre se retrouve sur une tête du Louvre, mais qui en serait la caricature avec son air un peu bestial qui avait suscité l’hésitation quant au sexe109. L’ossature des pommettes est accentuée, comme celle du menton « en galoche » ; la bouche est finement arquée. La pupille a disparu de la cornée en coquille, mais ce qui donne un aspect barbare au visage est la largeur inusitée de l’encadrement en pierre bitumineuse noire qui simule d’épais cils. Les sourcils en relief, striés en arête de poisson, se rejoignent à la naissance du nez en formant une pointe accentuée comme à l’époque néosumérienne et en particulier sur les têtes de Gudéa. Les cheveux ondulés qui contournent les oreilles tombaient dans le dos. Ils sont recouverts sur le sommet de la tête d’un voile maintenu par un gros bourrelet placé bas sur le front, ce qui ne diffère pas de la coiffure des hommes, sauf pour les cheveux longs.

Le voile et le bandeau plat couvrent la tête d’une statuette d’Assur (Pl. 113) dont le corps est réduit à quelques fragments110. Bien que trouvée brûlée dans le niveau G du temple d’Ishtar qui correspondait au Dynastique Archaïque III, elle manifeste des traits nouveaux en particulier dans le costume qui est une robe unie, bordée en bas d’une frange ondulée à larges mèches, alors qu’une frange beaucoup plus fine est visible en diagonale dans le dos (Fig. 51).

51. Assur. Fragments de statue féminine. Gypse.

Ce vêtement, illustré dans la glyptique akkadienne, est le même que celui des hommes111. La tête au nez cassé, privée de l’incrustation des yeux et des sourcils, offre un modelé délicat des joues et du menton et les lèvres sont finement dessinées. Les cheveux étaient incrustés, soit de bitume, soit de lapis-lazuli, comme à Mari et à Tell Agrab à la fin du Dynastique Archaïque (ci-dessus, p. 110). Le reste de la chevelure est entièrement recouvert d’un voile qui laisse deviner le chignon et que maintient en place un bandeau plat ouvert dont l’extrémité en pointe est visible sur le côté gauche du chignon. Les plis du tissu sur le côté droit, derrière l’oreille, témoignent de la nouvelle facture et rappellent les plis des vêtements royaux de la dynastie. Comme sur la tête de Tell Agrab citée plus haut, les lobes de l’oreille qui seuls sont visibles, étaient percés pour un anneau. Les pieds nus sont détaillés avec précision, les orteils allongés à l’ongle bien dessiné rappellent ceux de la statue de Naram-Sin. Le piédestal sur lequel ils reposent est perforé en arrière et en avant de trois trous ronds d’1/2 cm de diamètre et d’environ 4 cm de profondeur, qu’Andrae interprétait comme des moyens de fixation sur un autre socle112.

Le cas de ces trous n’est pas unique et se retrouve à Mari. Déjà une statuette d’orant debout présargonique avait un socle perforé113, mais une statuette assise appartenant au niveau III du temple de Ninhursag, daté d’Agadé114 présente des perforations dans la base et deux de chaque côté du siège à dossier arrondi115. Le buste du personnage, probablement féminin, a disparu ; il reste la robe unie, bordée en bas d’une lisière à glands et couverte d’une sorte de gilet ouvert devant, qui dégage les avant-bras et s’évase en arrondi sur les genoux, bordé d’un large galon à stries ondulées. Ce vêtement très particulier n’est sans doute pas très différent de celui de la statuette d’Assur. Lors de la publication, André Parrot avait signalé que les trous étaient destinés à des ficelles de suspension et avait, sur la suggestion de Charles Picard, admis un rite de balançoire qui en faisait une déesse de fertilité. La suspension nous semble très vraisemblable, mais il est plus normal d’y voir une orante, caractérisée par ses mains réunies l’une dans l’autre suivant le geste de la statue en diorite de Manishtusu. Peut-être qu’à cette époque les ex-voto pouvaient être suspendus dans les temples. On peut imaginer à la statuette de Mari une tête à bandeau plat étranglant un gros chignon en son milieu, comme se présente une tête en albâtre de Kish dont les cheveux couvrent encore les oreilles116.

Comme pour les hommes, c’est à l’époque d’Akkad que le kaunakès se transforme et perd sa stylisation en mèches lancéolées pour prendre son aspect de robe à volants rectilignes. Il reste probablement en usage dans les cérémonies de culte, porté par les souverains et les prêtres des deux sexes. C’est ainsi que se présente la propre fille de Sargon, Enheduanna, « épouse du dieu Nanna », sur un disque en calcaire d’Ur117. Le mauvais état de conservation ne permet pas de voir si l’épaule droite est couverte, mais les stries ondulées verticalement des volants coupés net attestent la nouvelle mode dès le début de la dynastie. La princesse porte un double bandeau rond dont celui du dessus est plus volumineux que l’autre. Les cheveux ondulés tombent librement dans le dos en dégageant l’oreille, mais avec une tresse descendant de la tempe sur la poitrine. Il est probable qu’il n’y a pas de distinction chronologique à établir entre le bandeau plat et le bandeau rond, chacun ayant été porté longuement à partir d’Agadé, ni entre les cheveux répandus et le chignon. Par contre l’apparition d’un collier rigide à plusieurs rangs est plus tardive et, bien qu’il s’agisse d’un objet de parure réservé peut-être aux grandes dames, sinon aux souveraines, elle ne semble pas être antérieure à l’époque néo-sumérienne118.

52. Buste féminin. Calcaire.

À l’art populaire est dû un petit buste vêtu de la robe à volants couvrant les épaules, largement décolletée en rond (Fig. 52). Les cheveux tirés derrière les oreilles sont réunis en un chignon serré en son milieu par un bandeau étroit qui entoure la tête, porté bas sur le front. Le visage est grossièrement traité avec deux lèvres épaisses, deux bourrelets pour les paupières et les sourcils se rejoignant à la racine du nez119. Un ensemble de figurines debout en albâtre, trouvées en Mésopotamie et en Élam, doit appartenir à l’époque d’Akkad120. Seules celles de Suse121 (Pl. 114) et un buste de Kish122 (Fig. 53) ont conservé leur tête à coiffure étrange. Elles portent le kaunakès à volants rectilignes passant sous le bras droit, attesté sur les cylindres de l’époque, les mains jointes ou le bras droit tombant le long du corps. Les pieds, aux orteils grossièrement séparés par une entaille, reposent sur un petit socle circulaire, percé d’un trou pour les fixer. Le visage est grossièrement sculpté. Les cheveux ne sont pas détaillés et se terminent en un chignon à deux coques reposant sur la nuque. L’originalité de la coiffure consiste en quatre ou huit protubérances auréolant le visage. Un petit buste de Nippur123 en a déjà été rapproché par D. Mc Cown pour son vêtement bien que la coiffure soit différente, avec une seule protubérance au-dessus du crâne et en arrière, comme fixé sur un peigne, tandis que les cheveux sont massés sur la nuque, le tout serré dans un étroit bandeau. La statuette portait encore des traces de peinture ocre rouge, de même que les figurines de Suse. À ce même type appartient vraisemblablement le bas d’une statuette du quartier d’habitations à Tell Asmar124, au niveau V-a qui est indiqué comme « proto-impérial », mais qui doit en réalité avoir duré jusqu’à Agadé. Assez curieusement, un exemple de coiffure à protubérances est fourni par une terre cuite moulée de Tello, où une femme nue, mains jointes, porte trois rangs de colliers rigides125 (Fig. 54).

53. Kish. Buste féminin. Albâtre.

54. Tello. Figurine moulée en terre cuite.

Pour cette raison, elle est postérieure et fait partie d’un ensemble de figurines de femmes nues au collier en terre cuite, trouvées à Tello, pour lesquelles Mme Barrelet a proposé Isin-Larsa ou la Ière dynastie de Babylone. L’attribution de cette coiffure n’est pas aisée. Le port du kaunakès à volants n’est pas réservé aux divinités, comme on le croyait autrefois, puisque Enheduanna le porte, comme plus tard Enannatum, fille d’Ishme-Dagan, également grande prêtresse de Nanna (ci-dessous, p. 252). Nous y voyons des prêtresses, personnel du culte et peut-être hiérodules dans un temple déterminé, ce qui expliquerait la permanence pendant des siècles de ce type de costume, pour aboutir à ce type de femme nue, aux mains toujours jointes.

Un béret-écuelle, analogue à celui porté par les hommes d’Agadé (ci-dessus, p. 160) coiffe une petite tête de Suse, posé sur des cheveux ondulés tombant en nappe dans le dos et couvrant les oreilles (Pl. 115). Les yeux sont sculptés, entre deux bourrelets pour les paupières, et les joues très rondes donnent un aspect mafflu au visage126. Le groupe de statuettes qui va suivre présente des caractéristiques qui peuvent les rattacher aussi bien à Agadé qu’à la période suivante. Nous les incorporons à ce chapitre sans autre critère déterminant à nos yeux que l’absence de collier rigide. Il s’agit de femmes assises sur un tabouret cubique, les mains généralement jointes, vêtues de la robe à volants striés verticalement qui couvre les deux épaules et dont l’encolure ronde est bordée d’un galon. Les cheveux tombent en carré dans le dos ; ils couvrent les oreilles et sont tenus par un bandeau rond. La position de la main droite dans la main gauche avec les pouces qui dominent est déjà celle de la statue de Manishtusu. Les pieds nus reposent sur une base arrondie. L’une d’elles est au Musée de Berlin127 (Pl. 116). Elle présente deux particularités : deux trous ronds latéraux dans le bandeau et sur les genoux une tablette carrée quadrillée. Les paupières et les lèvres sont épaisses et les sourcils, non accentués, ne se rejoignent pas. Le tabouret est légèrement concave au sommet, comme on le voit de dos. Un exemplaire très voisin, mais plus soigné, doit provenir de Tello128. Il est peut-être un peu plus récent, car les cheveux ondulés sont côtelés au sommet de la tête comme sur des têtes en diorite et en albâtre d’Ur que nous croyons néo-sumériennes (ci-dessous, p. 212), mais les oreilles sont couvertes et la chevelure tombe jusqu’à la taille en une masse rectangulaire ondée. Les mains ne sont pas jointes, mais tiennent par la panse à droite et par le col à gauche un vase globuleux à haut col, l’aryballe des Grecs, qui est le type de récipient d’où jaillit l’eau dès l’époque d’Akkad, comme en témoigne le cylindre dédié à Sharkalisharri129. Le geste est absolument le même que celui de la statue de Gudéa « au vase jaillissant », mais inversé (ci-dessous, p. 191).

Toutes les autres statuettes du même type, mais aux mains jointes, sont acéphales. La plus petite, trouvée à Tello, a sur toute la largeur des genoux une tablette quadrillée130, comme la statuette de Berlin. Elle est assise sur un tabouret à siège concave, avec une moulure de chaque côté sous les coudes. Les cheveux sont répandus en nappe ondée dans le dos et deux mèches latérales tombent sur la poitrine, rappelant la chevelure de la fille de Sargon sur le relief circulaire. Un autre exemplaire de Tello avec la tablette quadrillée lui est très semblable131. Le quartier des scribes à Nippur a livré une statuette acéphale de femme assise sur un tabouret cubique surélevé sur un haut socle132. La robe semble unie, les mains sont jointes et une tablette repose sur ses genoux.

55. Nippur. Femme assise sur un tabouret décoré de vases. Calcaire.

Trois statuettes acéphales semblables, mais sans tablette, offrent la particularité d’un tabouret cubique dont les côtés sont ornés de récipients variés en relief. L’une d’elles, provenant de Tello133 (Pl. 117 a-b), est tout à fait comparable à un exemplaire de Nippur134 (Fig. 55), où les cheveux dans le dos sont traités en quadrillage comme sur la statuette de Berlin à la tablette. Deux jarres sont sculptées sur le panneau arrière du siège et deux vases aux parois piquetées sur le panneau de gauche, tandis que le côté droit porte le dessin rectangulaire d’une vannerie, alors que sur une statuette de Yale135 (Fig. 56), les trois panneaux sont ornés de récipients variés. Sur la face arrière, ils sont disposés deux par deux sur des escabeaux bas.

56. Femme assise sur un tabouret décoré de vases.

L’identification de l’ensemble de ces statuettes assises en robe à volants n’est pas aisée. Pour E. Van Buren, les exemplaires au siège sculpté de récipients représentaient une déesse avec les vases du culte, identification contestée par H. Frankfort qui pensait à des ustensiles d’usage quotidien136. De fait, des récipients, dont certains tout à fait semblables à ceux des tabourets, figurent sur des étagères dans une large série de cylindres de la troisième phase d ‘Agadé représentant des scènes de laiterie, associées à des scènes mythologiques137. Il y aurait là un utile synchronisme, mais qui n’éclaire pas le personnage. Trois attributs sont en rapport avec ces statuettes : une tablette, un aryballe pour l’eau jaillissante et des récipients divers. La statuette de Berlin à la tablette, avec le trou de chaque côté de la tête dans le bandeau, a incité Unger à y voir un dispositif pour adapter les cornes de la déesse138. Puisque les prêtresses de Nanna portent la robe à volants depuis le début de l’époque d’Akkad, il se peut que les prêtresses d’autres divinités l’aient portée aussi. Prêtresses ou déesses, nous ne saurions en décider.

L’absence presque complète de la sculpture en métal agadéenne contraste avec le Dynastique Archaïque. Or et étain semblent avoir manqué139 et Woolley, d’après le contenu des 408 tombes akkadiennes d’Ur, avait constaté que le bronze avait disparu, remplacé par le cuivre140.

Iran

La production d’Iran oriental et septentrional, par son caractère original est difficile à rattacher à une chronologie basée sur la civilisation mésopotamienne qui est mieux connue dans son développement. Nous avons parfaitement conscience du caractère provisoire de notre classification en ce domaine.

C’est peut-être à l’époque d’Akkad que l’on peut attribuer une statuette de bronze, découverte en surface dans les fouilles de Shahr-i Sokhta, dans la province de Seistan en Iran oriental141 (Fig. 57). M. Tosi situe dans la seconde moitié du IIIe millénaire cette femme vêtue d’une robe unie jusqu’aux chevilles qui couvre le haut des bras. Elle porte sur sa tête un grand vase à panse ovale qu’elle tient de la main gauche, cassée. Ses cheveux sont noués en chignon. La main droite est ramenée sur l’estomac. Ce personnage à l’allure altière n’a pas d’équivalent jusqu’à présent.

57. Shahr-i Sokhta (Iran). Femme portant un vase. Bronze.

Le format — entre 18 et 25 cm — des figurines de terre cuite de Tureng Tépé, dans la plaine de Gorgan au sud-est de la mer Caspienne, en fait de réelles statuettes. Les plus beaux exemplaires ont été découverts en 1930 par F.R. Wulsin, envoyé en mission par l’University Museum de Philadelphie142. Malgré de notables différences entre elles, Wulsin a insisté sur leurs points communs. Toutes représentent des hommes et surtout des femmes nus au visage sommaire, sans bouche. On peut les classer en deux groupes distincts : 1) l’un en terre cuite grise, dont un exemplaire provenant d’une tombe est une femme aux bras étendus en croix finissant en moignons effilés, à la poitrine opulente, la taille particulièrement mince, les hanches rondes, les jambes légèrement écartées143, le triangle du sexe piqueté. De nombreux anneaux entourent les bras à l’emplacement des poignets. Autour du cou et sur la poitrine, un gorgerin triangulaire est ponctué verticalement d’une série de pastilles en son milieu. La tête est singulière avec des trous ronds pour les yeux, un pincement de l’argile pour le nez, des oreilles festonnées et une couronne tourrelée. Un exemple analogue, presque noir, est au Musée de Téhéran144. Wulsin a publié une tête de même type145 et la mission française de J. Deshayes, qui a repris la fouille en 1960, a retrouvé un buste analogue146. Le rapprochement s’impose avec un vase en céramique grise lustrée en forme de buste féminin de la collection Godard, aujourd’hui au Louvre147, dont le bras gauche sert de goulot, tandis que les seins sont percés pour faire jaillir le liquide. Le nez fait du pincement de la pâte, l’absence de bouche, le gorgerin pastillé attestent une communauté de facture.

2) Le second groupe est caractérisé par une terre cuite rouge et comprend hommes et femmes nus, au corps plus naturaliste, avec des épaules larges, sans parure. Les femmes ont les mains sur les seins148. Cinq d’entre elles ont été trouvées ensemble, cassées, à un niveau plus élevé d’1m,25 que la figurine grise de la tombe. Les oreilles sont deux appendices verticaux percés de 3 à 5 trous superposés pour recevoir des anneaux. Le crâne est entièrement chauve, entouré d’un sillon qui, selon Wulsin, peut avoir indiqué qu’une perruque y était fixée. Les yeux sont deux trous ronds de part et d’autre d’un grand nez et pas plus que dans l’autre type la bouche n’est indiquée. Le sexe est marqué par un triangle piqueté. Les jambes, séparées, sont terminées par des pieds chaussés de chaussons, comme l’a remarqué Wulsin. Les deux exemplaires masculins sont de même style, mais en plus mauvais état149. La barbe est indiquée par des points. Une particularité commune aux deux types est un sillon gravé en arête de poisson, partant entre les seins et descendant jusqu’au sexe.

La chronologie de ces statuettes de Tureng Tépé n’est pas déterminée avec certitude. Quelques fragments du premier type aux bras en ailerons ont été trouvés par la mission française dans les niveaux du Bronze correspondant à la phase III B.150. D’après les données corrigées du Radio Carbone 14, ces niveaux seraient à dater entre 2800 et 2400151. L’extrémité inférieure nous semble seule acceptable et l’on peut peut-être attribuer une date plus basse au deuxième type en terre cuite rouge. Il faut aussi tenir compte d’affinités certaines avec les figurines féminines sans bouche de Namazga V, en particulier les bras en moignons, le sillon en arête de poisson sur l’abdomen, le triangle pubien piqueté152.

Anatolie

Bien que Sargon et Naram-Sin soient supposés avoir mené des campagnes militaires en Anatolie153 et qu’il y ait eu commerce de matières premières entre l’Asie Mineure et la Mésopotamie154, il n’en reste guère de traces en ronde bosse. La chronologie des tombes royales d’Alaca Hüyük en Anatolie du Nord n’est pas définitivement établie et de ce fait les figurines de bronze et d’argent qui y ont été trouvées sont d’une classification aléatoire, car elles n’ont aucun rapport avec la tradition mésopotamienne. Dès le milieu du IIIe millénaire, l’Anatolie a connu des « idoles » plates en albâtre ou en marbre, caractéristiques par leur forme « violon », avec la tête indiquée par deux yeux155, qui ne relèvent pas de la statuaire, mais dont la tradition se maintient parallèlement à elle durant le dernier quart du IIIe millénaire.

Trois statuettes en bronze se trouvaient réunies dans une tombe de femme, la tombe H, l’une des plus riches d’Alaca Hüyük156, en même temps qu’une idole-violon en os et une série de cinq idoles doubles en or ponctuées de cupules, prouvant la simultanéité des deux factures. Les statuettes représentent une femme nue au sexe délimité par un large triangle incisé. Les deux plus grandes sont debout, les bras en avant pour tenir un objet qui chez la plus petite des deux est un vase qu’elle tient par les deux anses et dont la forme n’est justement pas représentée dans les tombes (Pl. 118). L’autre a perdu tout objet. Le visage est percé de deux trous pour les yeux ; le nez est proéminent et la bouche est escamotée. Les oreilles sont grandes et les cheveux ne sont pas indiqués. La plus grande avait un bouton en or pour marquer les seins et le nombril et de petits cercles au bas des oreilles, comme sur une idole plate en argent de la tombe L, aux pieds chaussés de bottes en or157. La troisième statue de la tombe H représente probablement une petite fille à la tête rase, aux mains sur le ventre. Ses jambes sont légèrement fléchies. Les orbites creuses sont allongées et la bouche n’est toujours pas indiquée. Il n’est pas ici question de « concubine du mort », puisque la tombe était celle d’une femme et le rôle de ces statuettes funéraires ne s’explique pas plus que celles de Tell es-Sawwan dans la Mésopotamie du VIe millénaire (ci-dessus, p. 15 ss.), sinon par un espoir de renaissance, matérialisé dans une image suggérant la fécondité.

Nous ne pouvons que citer les étonnantes statuettes d’or, d’argent ou de bronze provenant de tombes de Dorak, non loin de la mer de Marmara, qui ne sont connues que par des dessins158. Debout, les mains sous les seins ou le long du corps, vêtues d’une jupe ou d’un slip, parées de colliers à pendentifs, de larges bracelets de bras et de chevilles et de pendants d’oreilles, certaines portent de hautes tiares sur les cheveux longs. L’une d’entre elles rappelle irrésistiblement par sa tiare conique cerclée et sa chevelure en « queue de cheval » les terres cuites du niveau VI de Hacilar (ci-dessus, p. 13)159.

Le cimetière de Horoztépé, à l’est d’Alaca Hüyük, serait un peu plus tardif160, peu avant 2100, mais il a livré des objets en bronze très comparables, tels qu’un étendard ajouré et des statuettes de taureau161. Une femme nue allaitant son enfant, bien conservée, est d’une meilleure venue que les statuettes d’Alaca Hüyük162 (Pl. 119). La forme de la tête en est assez semblable, avec de grandes oreilles et l’absence de cheveux. Une excroissance à l’arrière droit du crâne a été interprétée comme une grosse épingle dont la présence se justifie difficilement justement par le manque de chevelure. Les orbites sont largement creusées ; elles contenaient encore de la pâte noire et blanche. La bouche est grande, surmontant un menton en galoche. Les épaules sont larges sur un corps étroit avec des fesses proéminentes. Les genoux ne sont pas joints et les jambes ont un léger mouvement de flexion en avant avec de grands pieds au talon étiré vers l’arrière et aux orteils gauchement séparés par trois sillons. Le bébé dont elle tient la tête de la main gauche et les hanches de la main droite, tête le sein gauche. Ses jambes passent au-dessus et au-dessous du bras droit de sa mère et il pose ses mains sur sa gorge et sur sa taille. Malgré la maladresse de la sculpture, l’attitude est bien observée. Si l’on admet que la plus petite statuette d’Alaca Hüyük est celle d’un enfant, il faut souligner que l’on a, avec ces bronzes anatoliens des représentations d’enfants, déjà signalées à Hacilar (ci-dessus, p. 14 s.), alors qu’elles sont rares en Mésopotamie au IIIe millénaire.

Une statuette en argent de femme nue (Pl. 120), indiquée comme provenant de Hasanoǧlan, est attribuée par J. Mellaart au même cimetière de Horoztépé163. Le corps n’a pas d’épaisseur, comme les idoles d’Alaca Hüyük ; les bras sont grêles avec des mains allongées aux doigts effilés, posées à plat l’une au-dessus de l’autre sur le ventre164. Le sexe triangulaire est piqueté de petits trous. Le nombril, les genoux et les chevilles sont marqués par une excroissance circulaire. La tête et le long cou sont recouverts de feuilles d’or ainsi que les seins très menus sur lesquels passent des rubans d’or entrecroisés qui forment bretelles. Les cheveux tombent sur la nuque, ciselés de chevrons et de lignes brisées. Des bracelets de cheville en jonc d’or faisant une fois et demie le tour de la jambe sont analogues à ceux des statuettes de Dorak. Les bracelets de poignet à sept rangs sont par contre gravés dans le métal. Les métaux précieux dont est faite cette statuette soulignent l’importance que l’on a voulu donner à cette femme qui peut être une déesse.

Deux statuettes particulièrement inclassables par leur étrangeté ont été découvertes à Tell Fakhariyah, sur le cours supérieur du Khabur, sans aucune relation avec un niveau165. Il s’agit d’un homme et d’une femme nus en pierre peinte en rouge. L’homme est debout sur un petit socle à quatre pieds, les deux bras le long du corps, la pierre ayant été évidée de l’aisselle aux hanches. Les épaules pointent légèrement vers le haut, mais de façon moins accentuée que chez la femme. Le bassin est allongé et la taille fine. La femme a les hanches plus larges que l’homme ; elle pose ses toutes petites mains sur des seins pendants. Elle n’est pas sur un piédestal, mais porte des chaussons blancs et en cela elle rappelle les figurines de Tureng Tépé. Les cous sont d’une hauteur normale ; les visages sont ovale pour l’homme, plus triangulaire pour la femme ; la bouche est un sillon ovale aplati, le nez est allongé, les yeux sont incrustés d’un morceau de pierre verte enchâssé dans du bitume. Il n’y a aucune trace de cheveux, mais la tête s’arrête au front et le crâne est prolongé par un large tenon encore enduit de bitume par places qui marque l’emplacement d’une coiffure disparue. Frankfort imaginait une coiffe conique comme à Tell Brak, en or ou en argent. La peinture rouge de la pierre doit être une coutume syrienne, si l’on se réfère aux statues de Hama (ci-dessus, p. 72 s.). Ces statuettes, par les yeux incrustés, par les chaussures de la femme, nous semblent remonter au IIIe millénaire, mais elles peuvent être beaucoup plus récentes.

Animaux

Très peu d’animaux sont attribuables de façon certaine à Agadé, encore le sont-ils grâce aux inscriptions et seulement en dehors de Mésopotamie.

58. Lion-clou de fondation d’un roi d’Urkish. Bronze.

L’influence mésopotamienne est pourtant indéniable sur les clous de fondation hourrites, en forme d’avant-train de lion rugissant166 (Fig. 58). On ne peut qu’admirer le réalisme du fauve dressé, avec ses pattes antérieures aux griffes arc-boutées sur une tablette de même métal et sa gueule ouverte sur quatre crocs pointus. L’ouverture de la gueule est une nouveauté par rapport au Dynastique Archaïque où e caractère menaçant était traduit, à Obeid, par la représentation des dents plaquées sur le mufle, alors qu’à Ur, l’animal était au repos. La crinière ici est en relief, stylisée en languettes pointues à la manière sumérienne. Elle forme une collerette sous le menton et une frange sur le front analogue à celle des têtes de lion présargoniques du Louvre et du British Museum167. Une étoile de poils est marquée sur le dos, signe distinctif que l’on retrouve stylisé différemment sur l’épaule des lions ornant le siège de Narundi de Suse (ci-dessus, p. 144) et dont la signification a été bien souvent discutée168. Le corps se termine en pointe comme pour toute figurine de fondation.

Le texte inscrit sur la tablette de métal comme sur celle de pierre qu’elle protégeait, est une malédiction en langue hourrite, écrite en caractères cunéiformes, œuvre d’un roi d’Urkish, Tishatal. Ce roi régna à la fin de la dynastie d’Akkad sur un territoire situé dans la région du Khabur168a.

Ce sont aussi des lions que nous a laissés l’Élam du temps de Puzur-lnshushinak : les deux animaux découverts à Suse sous le dallage du temple d’Inshushinak sont couchés, le corps traité par grandes masses assez molles169 (Pl. 121). Les griffes des pattes avant sont faites d’une succession continue d’encoches, sans séparation au milieu. La crinière est à peine indiquée, sinon par un ressaut en collerette. La gueule est légèrement ouverte, dégageant les deux mâchoires aux dents détaillées aboutissant aux crocs latéraux. Les yeux et les oreilles sont en faible relief. La longue queue remonte sur le dos et se termine du côté droit pour l’un, du côté gauche pour l’autre, de la grande perforation circulaire qui traverse l’animal de part en part pour inclure un mât de baldaquin ou de portail. Ce sont peut-être les plus anciens gardiens de porte de temple, dont la fonction se généralisera au IIe millénaire.

La position couchée de ces fauves nous incite à leur comparer le petit groupe en pierre bitumineuse d’une lionne happant dans sa gueule la tête d’un homme accroupi entre ses pattes antérieures170 (Pl. 122). Le corps allongé du fauve est traité par grandes masses lisses, le relief étant accentué sur l’arrière-train et au niveau des pattes antérieures. La queue suit le côté droit et remonte sur le dos comme chez les lions de pierre. La tête est délimitée par un bourrelet qui entoure l’encolure. Les yeux sont très larges et les oreilles n’existent pas. La gueule, aux dents bien séparées, encadre le visage de l’homme aux yeux allongés, à la bouche boudeuse, au menton volontaire. Ses épaules sont larges et puissantes, la musculature des pectoraux est soulignée et l’estomac forme un bourrelet. L’homme est légèrement penché en avant, la jambe droite repliée sous lui, l’autre venant rejoindre le genou droit. Les deux bras tombent le long du corps et les mains reposent à demi fermées sur les cuisses. Nous avons signalé l’analogie de cette attitude avec celle d’un torse de même matière (ci-dessus, p. 164). Ce qui nous incite également à attribuer cet objet énigmatique à l’époque d’Akkad est le thème mythologique auquel il fait allusion, car, ainsi qu’il a été généralement reconnu, il ne s’agit pas là d’un fauve dévorant un homme. Nous ignorons malheureusement ce dont il s’agit, mais comme le montre abondamment la glyptique agadéenne, les mythes ont foisonné alors plus qu’à nulle autre époque. Sans qu’il soit éclairé par un texte, peut-être trouvera-t-on un jour ce thème illustré sur un cylindre-sceau.

Avec l’Anatolie des tombes d’Alaca Hüyük et de Horoztépé, ce sont les cerfs et les taureaux qui sont illustrés. Ces animaux, coulés en bronze ou en cuivre ont la particularité d’être montés sur des tiges de même métal qui servent de hampes. Ils ont généralement été désignés comme des étendards, mais W. Orthmann les considère comme des éléments de char171. Ils ont en commun une tête schématique fine et allongée et ils ne sont différenciés que par leurs cornes, car le corps et les pattes sont uniformément stylisés172. Certains d’entre eux ont le corps rehaussé de cercles concentriques incrustés, en argent ou en électrum. Un taureau sur hampe de Horoztépé173 comme certains d’Alaca Hüyük, en plus du revêtement d’électrum sur le naseau, les cornes et les oreilles, a un triangle en or au milieu du front, tout comme les taureaux présargoniques (ci-dessus, p. 136), pratique qui sera encore attestée à l’époque hittite, comme en témoignent des taureaux en terre cuite de Bogazköy et de Tokat174. Taureaux et cerfs se présentent sous des arceaux torsadés flanqués de cornes qui devaient également servir d’enseignes ou d’étendards. Leur présence dans les tombes n’autorise pas à affirmer qu’il s’agit d’objets purement funéraires. Frankfort a rapproché les animaux anatoliens de quatre petits taureaux, deux en or et deux en argent, trouvés en 1897 dans une tombe, à Maïkop dans le Caucase175. Ceux-ci sont cependant beaucoup plus naturalistes et trapus. Sur le front, entre les cornes, la crinière est stylisée par des dessins incisés, différents sur chacun d’eux. Le corps est perforé transversalement pour le passage d’un montant qui soutenait aux quatre angles le baldaquin funéraire. Le rôle autant que la facture sont donc très différents au Caucase et en Anatolie.

Proches des animaux de Maïkop sont un taureau et un bouquetin de bronze du British Museum, indiqués comme venant d’une tombe recouverte de dalles de pierre en Mésopotamie du Nord, près de Kerkuk176. Ils frappent par leur robustesse et leur naturalisme et sont probablement l’œuvre de nomades venant du nord-est.

Le solide modelé d’un bison en cuivre, dont la provenance supposée est Van, rappelle les exemples précédents177. La longue barbe et l’épaisse crinière sont stylisées par des ondulations gravées, prolongées en languettes détachées au-dessus des pattes. Le mufle aux naseaux renflés est très proche de celui des taureaux de Maïkop. Comme eux, il a le corps perforé et il a pu jouer le même rôle, c’est-à-dire celui d’un support. Il y a une grande différence entre ce bison et ceux en pierre noire du Dynastique Archaïque (ci-dessus, p. 141), plus sans doute par différence de technique et de tradition que d’époque.

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1 Sur les changements intervenus dans la vie économique des temples sumériens, cf. Gadd, « The Dynasty of Agade and the Gutian Invasion », CAH I, fs.17, 1966, p. 36. 

2 Frankfort, OIC 17, 1934, p. 4. 

3 Boehmer, Die Entwicklung, en particulier les fig. 271-274 où les cylindres inscrits de princes néo-sumériens sont illustrés de scènes typiquement akkadiennes. 

4 Spycket, « La déesse lnnina à Suse », La Revue du Louvre, 1968, p. 1 s. ; « Une grande déesse élamite retrouve son visage », Syria 45, 1968, pp. 67-73. Calcaire. Ht. 1m,09. Louvre, Sb 54. 

5 Parrot, Sumer, pl. 168 = Amiet, Élam, pl. 166 = Moortgat, Die Kunst, pl. 128. Dans toutes ces publications, antérieures à 1967, la statue est acéphale. — Amiet, Agadé, no 36, p. 38 s. ; 101 s. 

6 Mecquenem, RT 33, 1911, p. 44 s., fig. 8. Albâtre. Ht. 5 cm. Louvre, Sb 88. 

7 Cf. Syria 45, p. 72, n. 2. 

8 Unger, « Diadem und Krone », RLA II, 1938, p. 202, & 1 c. 

9 Boehmer, « Die Datierung des Puzur/Kutik-Inšušinak… », Or. 35, 1966, pp. 345-376 ; pl. XLIII-LVI. 

10 Spycket, « La déesse Lama », RA 54, 1960, pp. 73-84. 

11 La localisation de Magan, d’où Gudéa faisait venir la diorite de ses statues, est toujours controversée. Pour Gadd, il s’agissait de Makran sur le golfe d’Oman : CAH I, fs. 17, p. 25, 27, 31. Cf. Tosi, East and West 22, 1970, p. 336 s. Pour S.N. Kramer, il s’agit dès cette époque de l’Égypte : The Sumerians, 1963, pp. 276-284. Autres références dans Sollberger-Kupper, IRSA, p. 99, n. 1. 

12 Sur l’aspect triomphal des inscriptions de la dynastie d’Akkad, cf. Kupper, Oriens Antiquus 10, 1971, pp. 91-106. 

13 Spycket, Les statues de culte, p. 45 ss. 

14 Parrot, Sumer, pl. 209 = Moortgat, Die Kunst, pl. 125 = Amiet, Agadé, no 1, p. 9 s. ; 71-73. Ht. du roi : 22,5 cm. Louvre, Sb 1. 

15 Ce qu’E. Strommenger appelle un Flammengewand : BaM I, p. 89, et que l’on voit également sur des fragments de stèle d’Agadé du Louvre (granit : Sb 6615) et du Musée de Téhéran (diorite noire) : Amiet, Revue du Louvre, 1965, p. 240 s., fig. 2, 3. 

16 Thompson, Hamilton, AAA 19, 1932, pl. L = Mallowan, « The Bronze Head of the Akkadian Period from Nineveh », Iraq 3, 1936, pp. 104-110 ; pl. V-VII = Parrot, Sumer, pl. 206, 208 = Moortgat, Die Kunst, pl. 154. Cuivre (?) Ht. 36,6 cm. Musée de Bagdad, IM 11331. — Une flèche trouvée en même temps que la tête, portant l’inscription : é-dNin-lil, « temple de Ninlil », est en cuivre (AAA 19, p. 72). L’indice est faible pour déduire que la tête est en même métal, mais il mérite d’être signalé. Depuis la découverte de la statue de cuivre au nom de Naram-Sin (ci-dessous, p. 156 s.), on peut supposer que la tête est également en cuivre. 

17 Parrot, Sumer, pl. 207 = Moortgat, Die Kunst, pl. 138. Louvre, Sb 3. 

18 Hall, La sculpture babylonienne et assyrienne au British Museum, Paris, 1928, pl. VIII, 8. Dolérite. Ht. 22,8 cm. British Museum, 114197. 

19 Strommenger-Hirmer, 5 Millénaires, p. 76. 

20 Pour A. Moortgat, il s’agit plutôt de Naram-Sin, à cause de la ressemblance avec le relief de ce roi découvert à Pir-Hussein : Die Kunst, p. 56 s. ; pl. 153. 

21 Mallowan, Iraq 3, p. 104. Cf. Borger, Einleitung in die assyrischen Königsinschriften, 1964, p. 9 s. 

22 Sarzec, Déc. en Chaldée, pl. 21, 1 = Parrot, Tello, fig. 32 f et p. 136 = Moortgat, Die Kunst, p. 57, fig. 28. Diorite. Ht. 12 cm. Louvre, AO 14. 

23 OIP 60 , pl. 68-69 = Frankfort, The Art, pl. 41 = Parrot, Sumer, pl. 217. Albâtre. Ht. 9,5 cm. Chicago, Oriental lnstitute, A 173. 

24 Cf. Contenau, MAO II, fig. 511, p. 729 : 3e porteur de gauche. 

25 Parrot, Syria 16, 1935, pl. XXVI, 3 = MAM I, pl. XLIV, m. 455 et p. 111. Diorite. Ht. 10,4 cm. Musée d’Alep. 

26 MAM I, pl. XLIV, m. 456, 457 et p. 111. Diorite. Long. du poignet : 11,6 cm ; long. du fragm. de main : 18,6 cm. Musée d’Alep. 

27 Spycket, RA 40, 1945-46, p. 151 ss. = Moortgat, Die Kunst, pl. 127 = Amiet, Agadé, no 6, p. 12 ; 76 s. Louvre, Sb 2. 

28 Hirsch, AJO 20, 1963, pp. 37 ss : Sargon 61, 62, 66, 613. — SollbergerKupper, IRSA, pp. 97-99. 

29 Watelin, Excavations al Kish IV, 1934, pl. XXIX, 2, 4. Albâtre. Sans dim. Cf. Moorey, Iraq 28, 1966, p. 32. 

30 Kish : Langdon, Exc. at Kish I, 1924, pl. XXXVI, 1, 3 ; pl. XXXIX. — Mari : MAM I, pl. LVI, m. 472 ; p. 147, fig. 89, m. 547. 

31 Cf. Amiet, GMA, fig. 816, pl. 60. 

32 Cf. Boehmer, Die Entwicklung, pl. VI. 

33 Amiet, GS, no 1506, 1510, 1539, 1543. 

34 Boehmer, loc. cit., no 217, fig. 55. 

35 Frankfort, SC, no 622, 645. 

36 Pritchard, Ashmolean Museum, no 318, pl. 25. 

37 UE II, pl. 205, no 169, 171, 172, 174-176 ; pl. 208, no 230-232 ; pl. 209, no 234, 243 ; pl. 212, no 307. 

38 Cf. Boehmer, loc.cit., pl. VI, fig. 53, 56, 57. 

39 UE II, pl. 205, no 178-182. 

40 Poebel, UP , I et V, 1914, no 34 = Hirsch, AJO 20, 1963, pp. 34-69. — Cf. Spycket, Les statues de culte, pp. 40-48 et plus spécialement p. 45 ss. 

41 Un exemple frappant est la destruction des temples d’Ishtarat et de Ninni-Zaza à Mari : MAM III, p. 35. 

42 Strommenger, ZA 53, 1959, pp. 27-50 ; BaM I, 1960, pp. 46-62. 

43 Moortgat, Die Kunst, p. 55 s ; pl. 141-149. 

44 Amiet, « Les statues de Manishtusu, roi d’Agadé », RA 66, 1972, pp. 97-109 = Agadé, no 11-14, pp. 18-20 ; 80-82. 

45 Parrot, Sumer, pl. 214 = Moortgat, Die Kunst, pl. 141. Diorite. Ht. 94 cm. Louvre, Sb 47. L’inscription qui identifie le roi, sur le devant de la jupe, est due à Shutruk-Nahhunte qui a rapporté la statue d’Agadé : Scheil, Mémoires X, p. 2. 

46 Amiet, RA 66, pp. 99-103, fig. 2-5 = Agadé, no 13, p. 19 s. 

47 D’après Moortgat, Die Kunst, p. 55. 

48 Parrot, Sumer, pl. 211 = Moortgat, Die Kunst, pl. 153. Diorite. Ht. 57 cm. Musée d’Istanbul. 

49 Contenau, MAO II, fig. 466, p. 670 = Moortgat, Die Kunst, pl. 142 = Amiet, Agadé, no 15, pp. 20 ; 83-85. Grès. Ht. 1m,34. Louvre, Sb 48. 

50 M. Lambert, « Inscription royale de l’époque d’Agadé », RA 59, 1965, pp. 177-182. — Amiet, RA 66, 1972, pp. 103-106. Cette statue avait été publiée comme anépigraphe par Pézard et Pottier, Catalogue des Antiquités de la Susiane, no 47, alors que le P. Scheil avait « signalé en passant quelques noms rencontrés sur les cadavres ennemis servant à orner une base de statue » dans Mémoires VI, 1905, p. 15 (cité par M. Lambert, loc. cit., p. 177) : un bel exemple de l’ignorance réciproque où se complaisaient, dans le passé, épigraphistes et archéologues et dont on veut espérer qu’elle n’est plus de mode ! 

51 Tablettes de Philadelphie publiées par Poebel dans UP et V et reprises par Hirsch dans AJO 20, 1963, pp. 1-82. 

52 Hirsch, AJO 20, p. 37, 44 ss. Notre identification de Lugalzagesi, Les statues de culte, pp. 40-42 serait ainsi à revoir. Il s’agirait en réalité de représentations du roi d’Uruk en relief sur le socle de statues de Sargon. De même, p. 44, il ne s’agirait pas d’une stèle de victoire, mais d’un relief sur le socle. 

53 Hirsch, loc. cit., pp. 52-56, 59-61. 

54 Id., pp. 72-78. 

55 Id., p. 70 : Manishtusu b 1, 11. 58 ss. = Sollberger-Kupper, IRSA, p. 104, II A 36. 

56 E. Strommenger, BaM 1, p. 52, n. 340, a rapproché le relief du socle d’une inscription de Rimush : Barton, The Royal Inscriptions of Sumer and Akkad, 1929, p. 122 s. (Rimush G). 

57 Moortgat, Die Kunst, pl. 147, 149 = Amiet, Agadé, no 11-12, p. 18 s. ; 80. Diorite. Ht. 51 cm. Louvre, Sb 49. 

58 Parrot, Syria 30, 1953, p. 214, fig. 12 ; 31, 1954, pl. XV, 2 ; Sumer, pl. 172. — Un trône en diorite analogue à celui de Manishtusu a été découvert à Warka en 1928 : Ch. Ziegler, BaM 3, 1964, pl. 29 a-d ; p. 174 s. Musée de Berlin. 

59 Strommenger, BaM 1, pl. 12, 1 ; p. 50 = Moortgat, Die Kunst, pl. 148 ; p. 56 = Amiet, Agadé, no 12, pp. 18 s. ; 80. Diorite. Ht. 44 cm. Louvre, Sb 50. 

60 Strommenger, BaM 1, pl. 10 ; p. 49 = Moortgat, Die Kunst, pl. 144 = Amiet, Agadé, no 16, pp. 21-23 ; 86. Diorite. Ht. 28,3 cm. Louvre, Sb 9097. — Les quelques signes qui subsistent sur l’omoplate droite sont la fin d’une malédiction. Un fragment de dos en diorite de la Yale Babylonian Collection porte le même châle : Strommenger, ZA 53, pl. V a. 

61 Amiet, RA 66, 1972, p. 103 s., fig. 6. Diorite. Ht. 14,5 cm. Louvre, Sb 9098. 

62 Andrae, Das wiedererstandene Assur, 1938, p. 88 ; pl. 44 b = Strommenger, BaM I, pl. 14 ; p. 52 s. Moortgat, Die Kunst, pl. 139-140 ; p. 55 ; Diorite. Ht. 1m,37. Musée de Berlin, VA 2147. Cf. Strommenger, Mesp. Gewandtypen, p. 48, fig. 28. 

63 À cause du collier, R.S. Ellis, dans JAOS 95, 1975, p. 87, doute que cette statue soit antérieure à la IIIe dynastie d’Ur et l’argument est de poids. Pourtant Naram-Sin sur la stèle du Louvre porte une sorte de large chaîne avec un cabochon central. 

64 Parrot, Sumer, pl. 216 = Moortgat, Die Kunst, pl. 152 = Amiet, Agadé, no 29, pp. 32 ; 97. Inscription : Scheil, Mémoires VI, p. 1 = Thureau-Dangin, ISA, p. 238 s. Diorite. Ht. 47 cm. Louvre, Sb 52. 

65 Strommenger, ZA 53, pl. VIII a-b ; pp. 40-42 = Moortgat, Die Kunst, pl. 150-151 = Amiet, Agadé, no 28, p. 32 s. ; p. 96. Inscription : Scheil, loc.cit., p. 6 ; pl. L, 2 = Thureau-Dangin, ISA, p. 240 s. (i) = Sollberger, Kupper, IRSA, p. 110, II A 4, 1. Diorite. Ht. 19 cm. Louvre, Sb 53. 

66 Malgré les doutes d’A. Moortgat sur le sexe du buste (Die Kunst, p. 59), le profil paraît tout à fait déterminant. 

67 Strommenger, Mesp. Gewandtypen, fig. 25, p. 46. 

68 Strommenger, ZA 53, p. 42 ; Mesp. Gewandtypen, p. 46 s. 

69 Al Fouadi, « Bassetki Statue with an Old Akkadian Royal Inscription of Naram-Sin of Agade (B.C. 2291-2255) », Sumer 32, 1976, pp. 63-75, 2 pl. = T. Madhloom, id., pp. 41-48 ; pl. 1-8 (en arabe). Cuivre. Ht. 35 cm : dont 10 de socle ; diam. du socle : 67 cm ; long. d’un pied : 21,2 cm. Musée de Bagdad, IM 77823. 

70 Sumer 32, p. 66. 

71 Gadd, « An Assyrian Royal Penance », BMQ 19, 1954, p. 51 s. ; pl. XVIII a-c. Bronze (?). Ht. 8,3 cm. British Museum, 86259. 

72 J. Börker-Klähn, JEOL 23, 1973-74, pp. 377-379 ; pl. XLV. 

73 Cf. R.M. Boehmer, « Die Datierung der Puzur/Kutik-Inšušinak », Or. 35, 1966, pp. 345-376. 

74 Amiet, Agadé, no 35, 37-39, pp. 37-39 ; 100 ; 103 s. 

75 Scheil, Toscanne, Mémoires XIV, 1913, pp. 7-16 ; pl. 1-2 = Strommenger, ZA 53, p. 37 s. = Amiet, Agadé, no 35, pp. 37 s. ; 100. Calcaire. Ht. 84 cm. Louvre, Sb 55. 

76 Le dessin de P. Toscanne, Mémoires XIV, p. 8 F, ne semble pas tout à fait exact sur le côté. 

77 M. Lambert, RA 67, 1973, p. 175 : compte rendu de A. Salonen, Die Fussbekleidung der alten Mesopotamier, 1969. 

78 Strommenger, ZA 53, p. 38. 

79 Boehmer, Or. 35, p. 367. 

80 Sollberger, Kupper, IRSA, p. 126, II G 2 e ; Amiet, Agadé, p. 129. 

81 Cf. M. Lambert, « Les villes du sud mésopotamien et de l’Iran au temps de Naram-Sin », Or. Ant. 13, 1974, pp. 1-24. 

82 1) Strommenger, ZA 53, pl. VII a-b ; p. 41 = Boehmer, Or. 35, pl. L, 12 = Amiet, Élam, pl. 164. Inscription : Scheil, Mémoires II, p. 63 = Thureau-Dangin, ISA, p. 252 s. = Sollberger, Kupper, IRSA, p. 125, II G 2 d. Aragonite verte. Ht. 14,6 cm. Louvre, Sb 86. — 2) Boehmer, loc.cit., pl. LI-LII, 13 c. Inscription : Scheil, Mémoires XIV, p. 20 s. Albâtre. Ht. 15 cm. Louvre, Sb 6642. — 3) Boehmer, loc.cit., pl. XLVIII-XLIX, 11. Inscription : Scheil, Mémoires X, p. 11 = IRSA, p. 126, IIG2e. Albâtre. Ht. 14 cm. Louvre, Sb 87. 

83 Strommenger, Hirmer, Cinq millénaires, pl. 120 b = Amiet, Agadé, no 7, pp. 13 s. ; 78. Albâtre, Ht. 7 cm. Louvre, AO 2111. 

84 R.F.S. Starr, Bull. of the William Hayes Fogg Art Museum IX, 1939, pp.13-18. Stéatite noire. Ht. 7,3 cm. Harvard University, Fogg Art Museum 1929.228. 

85 Id., p. 18 et fig. 5. 

86 OIP 60 , no 332, pl. 72 A-D. Calcaire. Ht. 4 cm. Chicago, A 11402.