Au long des millénaires qui séparent les premiers balbutiements de l’art de l’approche de l’ère chrétienne, les empires se sont constitués et défaits, des tendances se sont esquissées ou interpénétrées, en Sumer et en Élam, en Akkad et en Syrie, en Anatolie et sur le littoral méditerranéen. La conception de la ronde-bosse a changé suivant le génie des populations, bénéficiant des ères de prospérité, des ateliers royaux qui permettaient de meilleurs matériaux, souvent au détriment d’une spontanéité ou de la libre création. Un certain nombre de conventions techniques ont été respectées suivant les pays et les époques, mais jamais suivant un critère que la mentalité moderne pourrait appeler esthétique. Une statue avait une fonction religieuse, royale ou funéraire ; il n’y a aucune évidence d’œuvre d’art pur et c’est peut-être en cela que l’art grec a introduit une notion complètement différente, avec ses canons et ses lois tendant à la perfection. Pour cette raison, l’irruption de l’esprit hellénique en Orient avec la conquête d’Alexandre de Macédoine, de 333 à 323 av. J.-C., met un terme à la sculpture orientale proprement dite, sauf en Perse, plus imperméable aux nouvelles conceptions à cause de son génie propre, mais aussi de son éloignement géographique. L’art parthe, puis sassanide, échappent à l’occidentalisation ; ce dernier ne peut être séparé de l’Islam qui se greffera sur un art dont il adoptera bien des éléments.
Le cadre que nous nous sommes fixé pour cette étude de la statuaire du Proche-Orient ancien coïncide assez bien avec l’aire recouverte par la civilisation de l’écriture cunéiforme, née le long du Tigre et de l’Euphrate, mais qui s’est propagée bien au-delà de leur cours. L’ère séleucide, si mal représentée au point de vue artistique, n’a plus utilisé la langue babylonienne que comme une langue morte réservée aux prêtres et aux scribes.
Malgré le matériel considérable rassemblé, il ne faut pas oublier que, pour important qu’il soit, il reste infime en proportion de ce qui a été détruit et de ce qui n’a pas encore été découvert. Il n’est donc pas encore temps de tirer des conclusions définitives, ni qualitativement, ni quantitativement, mais le fait d’avoir suivi aussi extensivement que possible dans le temps et dans l’espace la sculpture en trois dimensions doit permettre une plus juste appréciation de l’ensemble.