L’étonnant pas en avant que représente l’invention de l’écriture par les Sumériens et les Élamites est une conséquence de la supériorité de la Mésopotamie du Sud et de l’Iran du Sud-Ouest à partir des derniers siècles du IVe millénaire. Certes il fallut une longue élaboration pour qu’elle modifie l’existence des populations, mais ce qu’elle dénotait de génie inventif assura aux Mésopotamiens et aux Élamites l’essor de la civilisation.
Personnages
Pour cette époque qui recouvre la dernière phase de la période d’Uruk et celle de Jemdet Nasr, entre 3200 et 2900 environ1, le matériel provient en majorité de Warka, niveaux IV et III. Malheureusement bien peu d’exemples ont été retrouvés in situ. Les plus anciennes statuettes semblent bien celles de petits personnages nus, accroupis ou à genoux, trouvés dans des niveaux séleucides, en 1913 et en 19692. Hauts d’une dizaine de cm, ils ont les bras liés derrière le dos ou un bras devant et un bras derrière, attitude des prisonniers sur des empreintes de cylindres d’Uruk IV3. Ce sont des silhouettes expressives plutôt que des sculptures poussées. La tête est levée comme pour demander grâce ; le nez prolonge le front, les yeux sont peu évidés, la barbe pointe en avant et la bouche fait défaut. Les bras sont filiformes, à peine détourés le long du corps, et les jambes sont peu ou pas du tout esquissées. Le sexe est accusé sur l’exemplaire trouvé en 1969.
Un autre fragment de statuette d’homme à genoux, tout aussi grossier, montre une grande barbe ovale et plate4 qu’Anton Moortgat a justement rapprochée de celle de trois statuettes d’homme debout, entrées vers 1869 au Musée du Louvre (Pl. 20 a-b), et au début de ce siècle à l’Université de Zürich5. Toutes trois représentent un homme nu debout, les bras au corps, ramenés sans se joindre sur la poitrine. Une grande barbe arrondie et unie couvre le haut du corps et encadre la figure dont elle dégage les joues et le menton, dans la continuité des cheveux qui tombent sur la nuque. Un bourrelet placé bas sur le front enserre la tête, analogue à celui qui coiffe le « roi-prêtre » dès Uruk IV sur les empreintes de cylindres, avec cette différence que ces hommes sont alors vêtus6. Les oreilles sont indiquées en relief sur les cheveux (à peine visibles sur AO 5719). Les yeux sont incisés en amande sous des arcades sourcilières arrêtées par le nez qui prolonge le front. Les pommettes sont larges et la bouche charnue. Les épaules étroites sont à peine plus larges que les hanches. Le sexe est sculpté. Les jambes massives ne sont séparées que par une rainure devant et derrière et les pieds se confondent avec un socle strié de fentes verticales qui indiquent les orteils, les doigts de la main n’étant guère mieux traités. Le galbe du profil souligne légèrement les fesses et les cuisses en une attitude un peu fléchie, tandis que les genoux peuvent être marqués d’une encoche horizontale. Le bas du corps d’une statuette masculine nue, trouvée en 1939 à Warka peut appartenir à un type analogue7. La nudité ne laisse pas d’étonner, car sur les reliefs et les cylindres de la fin du IVe millénaire, les personnages importants sont vêtus d’une jupe unie, puis quadrillée, mais le bandeau est une marque de qualité. Il peut s’agir de princes vénérés par leurs descendants, car les morts ont pu être représentés nus.
Au même contexte géographique et culturel appartient un buste masculin en marbre8, découvert à Warka dans une jarre sous la muraille séleucide, zone de tombes creusées jusqu’au niveau d’Uruk IV auquel il a légitimement été attribué9. L’homme rappelle par certains traits les trois statuettes de Zürich et de Paris : il se présentait debout, les deux avant-bras ramenés devant à hauteur de la taille, sans que les poings fermés se rejoignent. Un épais bandeau rond s’épaississant sur la nuque, et ne laissant apparaître aucune trace de chevelure, est posé bas sur le front ; une longue barbe ovale encadrant le visage couvre largement la poitrine. Mais les analogies s’arrêtent là. Le personnage est en effet vêtu d’une jupe serrée à la taille par une large ceinture, semblable à celle du chasseur de lions sur la stèle de basalte de Warka (Fig. 9)10.
9. Warka. Chasseur de lion de la stèle en basalte.
Le buste est délicatement modelé, surtout les épaules et les bras. Les pectoraux puissants sont largement recouverts par la barbe qui est striée horizontalement de rainures parallèles. En arrière de la barbe, les oreilles sont finement rendues, le haut passant sur le bandeau. La bouche est petite et charnue, le nez est largement brisé. Les yeux sont incrustés, comme ils vont l’être presque toujours durant les siècles du Dynastique Archaïque ; l’orbite évidé est tapissé d’une couche de bitume dans laquelle est encastrée une columelle de coquille blanche qui sertit une pupille de pierre bleue. Les sourcils fortement entaillés se rejoignent à la racine du nez, mais il ne semble pas qu’ils aient été incrustés de bitume. Ce buste dégage une impression de force, accentuée encore par l’absence de cou. Il correspond au type du « roi-prêtre » tel qu’il apparaît sur les plus anciennes empreintes d’Uruk11, sur la stèle de chasse du même site10 et sur le manche d’ivoire du couteau trouvé en Égypte à Gebel el-Araq12.
Tello a livré un seul témoin de cette phase avec une statuette masculine, découverte en 1905 par G. Cros au tell K. Connue seulement par un croquis, elle a passé inaperçue et le mérite d’avoir attiré l’attention sur elle revient à Mme Opificius13. Nous ne pouvons que reproduire la description donnée par le fouilleur : « Une petite statuette assise, en albâtre, d’un travail primitif. L’attitude des jambes repliées et des mains jointes est sommairement figurée ; la tête aux grands yeux béants [c’est-à-dire creusés pour une incrustation] esquisse déjà les traits d’un type chaldéen très archaïque, mais d’une étrange laideur. 4 minimes grains de cornaline, collés encore le long de l’oreille droite, et 6 autres à la hauteur du cou, bien que rien n’indique une figure de femme, montrent la haute antiquité d’un système d’incrustation »… (NFT, p. 77 s.). En réalité, il ne s’agit pas d’une femme portant un collier, mais d’un homme dont la barbe était ainsi indiquée par une incrustation de perles14.
La statuaire féminine est illustrée par une femme nue trouvée à Warka (Pl. 21) dans les décombres d’un four de potier de la fin de Jemdet Nasr15 et par une orante vêtue d’une jupe unie du temple IV de Sin à Khafadje, inclus aussi dans la période de Jemdet Nasr16. La tête de la statuette de Warka, sculptée à part et fixée par un tenon, n’a pas été retrouvée ; le corps massif est taillé dans un bloc de pierre gris-vert, veiné de rouge. Les bras tombent le long du corps sans modelé ; les seins, placés hauts, sont séparés par une ligne verticale ; le nombril n’est pas indiqué et le sexe est sobrement marqué par un angle obtus incisé, point de départ de la ligne de séparation des jambes. Comme pour les trois hommes nus des collections du Louvre et de Zürich (ci-dessus, n. 5), les pieds ne sont pas indiqués et font corps avec un socle lourd qui dénote la même facture, sinon le même lieu d’origine. Un autre point de comparaison à ne pas négliger est fourni par un cylindre en serpentine trouvé au même endroit que la statuette féminine17. Il fait partie de ces sceaux à fort relief, si caractéristiques à Suse au proto-urbain récent, gravés d’animaux passant et de personnages assis par terre, un genou levé, tenant des objets divers18. Précisément ce même type de femme nue, massive, est illustré à Suse par la partie inférieure d’une toute petite statuette d’albâtre aux jambes collées, séparées par de simples rainures19 et par une minuscule figurine en os, récemment découverte à Tchoga Mish, dans la partie nord de la Susiane20. Comme dans l’exemple précédent, la femme nue, debout, a les jambes serrées, légèrement fléchies, séparées par un sillon devant et derrière, suivant la même technique que la femme d’Uruk ; les bras se rejoignent sous les seins. La tête est forte avec les traits du visage rendus par incisions ; les cheveux longs tombent en arrondi sur les omoplates, sans bandeau. Les pieds ne sont pas indiqués, confondus avec un socle bas arrondi. Malgré une plus grande sensibilité, la parenté est évidente avec les sculptures d’Uruk ou les statuettes d’homme nu du Louvre et de Zürich.
Le même socle arrondi sur lequel les pieds ne sont pas indiqués supporte la statuette vêtue de Khafadje16 (Pl. 22) ; le torse est nu avec des seins lourds sous lesquels sont croisées les mains. La jupe tombant jusqu’aux mollets est maintenue par une ceinture plate. Les traits du visage sont accentués, avec un nez fort et aquilin, des yeux allongés, de grosses lèvres. La chevelure couvre presque tout le front, les oreilles et tombe en arrondi dans le dos : une rainure circulaire indique peut-être l’emplacement d’un bandeau autrefois incrusté.
C’est à une bien plus grande statue qu’appartenait l’étrange tête trouvée fortuitement à Suse en 197421 : « Elle a appartenu à une vraie statue approchant des deux tiers de la grandeur humaine », ce qui est tout à fait inusité pour l’époque. De profil, le crâne rasé est arrondi et descend tout droit jusqu’à la nuque. Les oreilles en forme de G sont placées très haut, extérieurement au départ d’une barbe plate qui ne dépassait pas le menton. De face, l’étroitesse est saisissante, inscrite dans un rectangle aux angles arrondis. Le nez triangulaire est dans la stricte prolongation du front bas, continué par deux forts sourcils en relief comme les yeux en amande très obliques en descendant vers la barbe. P. Amiet l’a rapprochée d’une minuscule tête au crâne globuleux et au nez en prolongement du front dont les yeux sont faits de même22. Il n’y a jusqu’à présent aucun parallèle de cette taille à la tête de Suse dont la facture insolite est antérieure au Dynastique Archaïque.
Également à Suse, deux figurines de cuivre et de petites effigies de femmes agenouillées, en albâtre, appartiennent à la phase finale d’Uruk ou à la période de Jemdet Nasr.
Les figurines de cuivre, découvertes en 1966 et en 1968 sur l’Acropole de Suse, en dépit d’une forte corrosion, représentent apparemment un homme et une femme nus, debout, les bras le long du corps comme la femme nue de Warka, mais les avant-bras légèrement détachés. L’homme paraît porter une coiffe ovoïde23 (Pl. 23), tandis que la femme, un peu plus grande, semble en être dépourvue24. Il n’y a ni tenon, ni socle sous les pieds. Comme on pouvait s’y attendre, le métal est du cuivre presque pur. Le P. Stève a situé les deux objets au début de la période de Jemdet Nasr et fait un rapprochement avec une figurine de cuivre aux pieds cassés, trouvée par M. Mallowan à Tell Brak25 dans les débris qui côtoyaient les ruines du palais de Naram-Sin et que l’archéologue anglais proposait de dater du Dynastique Archaïque, vers 2700, tout en indiquant qu’à l’endroit de la découverte la différence était minime entre les fondations de l’époque d’Agadé et celles du bâtiment de la fin de Jemdet Nasr26. La figurine de Brak a également une forme de tête ovoïde. Le bras droit est ramené sur la poitrine et la main gauche, très grossière, est posée sur le ventre.
Plus intéressante par son état de conservation, et bien qu’elle ne soit pas une statuette indépendante, est une épingle découverte en 197227 dans la couche 17 de l’Acropole de Suse18. Elle est surmontée d’une figurine féminine nue, (Fig. 10) au buste légèrement penché en avant, les bras grêles se rejoignant sur l’abdomen. Les seins sont haut placés. Les jambes jointes sont bien galbées avec les genoux marqués d’un double sillon ovale ; les pieds, inclinés d’arrière en avant, reposent sur le haut de la tige. Les cheveux tombent dans le dos. Le visage est caractérisé par une bouche fortement lippue et un menton fuyant.
10. Suse. Femme nue au sommet d’une épingle. Cuivre.
Les statuettes en albâtre de femmes agenouillées, ou plutôt assises sur leurs pieds, les représentent vêtues d’une jupe, les bras croisés sous les seins nus, sculptés hauts28 (Pl. 24). Les cheveux longs, généralement sans bandeau, tombent dans le dos. Le visage est sommaire, le nez aquilin, comme sur la statuette de Khafadje16. Ces petites silhouettes ont été utilisées aussi par les fabricants de sceaux qui ont sculpté des femmes de profil, aux longs cheveux, assises sur leurs pieds, le revers étant gravé de points ou d’animaux à la bouterolle29. Elles évoquent également les représentations des « potières » aux longs cheveux, accroupies, des cylindres de l’époque de Jemdet Nasr, que l’on trouve aussi bien en Sumer qu’en Élam30.
Plus évoluées et sans doute un peu plus récentes sont les statuettes de deux « dépôts archaïques » trouvés en 1909 sur l’Acropole de Suse31, encore que le dépôt ne puisse indiquer qu’un terminus ante quem, les objets pouvant s’échelonner sur un laps de temps plus ou moins long32. Les mieux connus sont l’homme et la femme en prière33, les mains jointes, assis sur leurs pieds, visibles seulement chez la femme. Tous deux sont vêtus d’une jupe. L’orant (Pl. 25), dont les cheveux longs sont maintenus par un bandeau, lève les mains à la hauteur de sa bouche. La femme a les mains ouvertes en coupe sous les seins ; ses cheveux étaient peut-être maintenus par un lien d’une autre matière, car une rainure circulaire a été creusée, isolant ainsi une calotte au sommet de la tête. Tous deux ont les yeux gravés dans l’évidement de l’arcade sourcilière, mais sans indication des sourcils. Contrairement aux figurines précédentes, la bouche est bien indiquée et il faut noter un certain prognathisme chez l’homme. Le rapprochement a déjà été fait avec des monuments de la Diyala34, en particulier avec un fragment de statuette agenouillée du temple de Shara à Tell Agrab35 et avec l’orante de Khafadje16.
Dans les mêmes dépôts de Suse, d’autres statuettes attestent divers courants. Un porteur d’offrande en albâtre36 (Fig. 11) évoque les cylindres aux personnages accroupis de Jemdet Nasr : assis par terre, les genoux remontés, il présente devant lui un grand vase dont il tient la panse à deux mains, celles-ci étant grossièrement striées de quatre fentes pour indiquer les doigts. Le visage est levé, réduit au nez court et aux yeux gravés dans l’arcade sourcilière ; les cheveux longs tombent dans le dos.
11. Suse. Porteur d’offrande. Albâtre.
Avec le petit personnage debout en calcaire jaune, aux traits accusés, le style est tout autre. L’homme se tient les mains jointes, vêtu d’une longue jupe qui laisse apparaître les pieds37 (Pl. 26). Ses épaules sont très larges et sa tête sans cou, aux oreilles décollées, est taillée « à coups de serpe ». Les yeux et la bouche sont profondément entaillés de la même façon allongée, bordés de bourrelets qui représentent les paupières, le dessous des yeux ou les lèvres. Il est imberbe et rasé, sans presque de front. Le schématisme du corps, sans épaisseur, est insolite. L’essentiel est suggéré : les mains sont traduites par trois fentes horizontales séparant les doigts et les pieds par quelques fentes verticales pour les orteils. Une saillie horizontale marque la ligne des genoux, comme si le personnage était assis. La poitrine plate délimite les pectoraux, séparés par un sillon médian. Rien ne rappelle en ce fidèle en prière l’influence mésopotamienne.
À toutes les manifestations de ronde bosse passées en revue jusqu’ici s’appliquait le terme de statuette, les plus grandes ne dépassant pas 30 cm de hauteur. Dès l’époque de Jemdet Nasr, de grandes statues sont attestées par des éléments épars et particulièrement par des yeux destinés à l’incrustation, à Warka, à Khafadjé et en Mésopotamie du Nord à Tell Brak38. Le témoin le plus parfait est le masque féminin en marbre blanc découvert en 1939 à Warka39 (Pl. 27). À peu près grandeur nature, il est sorti des mains d’un sculpteur exceptionnellement maître de son art, le premier peut-être qui soit digne du nom d’artiste. Tout a été dit — et fort bien dit40 — sur ce miracle de sensibilité artistique qui ne peut être que copié d’après nature, malgré la convention des sourcils et des yeux incrustés. Des ennemis se sont acharnés sur le monument, arrachant le visage à la statue dont rien n’a été retrouvé ; mais ce n’était pas assez : bitume, coquille et pierre noire remplissant les sourcils et les orbites sont arrachés, ainsi que le métal précieux recouvrant peut-être la chevelure, voire tout le visage et c’est enfin le nez qui a été martelé. Les iconoclastes n’ont pourtant pas réussi à altérer le fin dessin de la bouche, la sensibilité du menton, le délicat liseré des orbites, le pavillon charnu de l’oreille. Le problème de la statue reste énigmatique. La tête a souvent été sculptée à part du corps, surtout lorsqu’il s’agit de grandes effigies41, et réunie au moyen d’un tenon. C’était le cas pour la femme nue de Warka (ci-dessus, p. 31) et le procédé est courant à l’époque présargonique. Or ici ce n’est pas une tête, mais seulement la moitié antérieure avec l’amorce du cou. La surface postérieure est plane, percée de quatre petits trous ronds et de quatre trous allongés horizontalement qui sont disposés en carré et communiquent deux par deux par un canal horizontal pour passer un lien42. Les trous ronds, deux au sommet et deux communiquant avec les cheveux sous les oreilles, devaient servir à fixer le métal précieux ciselé qui recouvrait les cheveux sur le front, les tempes et le long des joues, tandis que les trous allongés permettaient la fixation à la partie postérieure de la tête ou — ce qui n’est pas invraisemblable — à un support qui pouvait être un mur contre lequel le visage aurait été appliqué43. Il n’y a en tout cas pas trace de perforation ni d’emplacement de tenon vers le bas. D’autre part il fallait un bloc de pierre considérable pour constituer le corps grandeur nature, à moins, comme on l’a proposé, qu’il n’ait été en bois44, ce qui semble peu probable étant donné le manque de forêt en Mésopotamie méridionale. On peut cependant citer le cas d’une statuette féminine du niveau VII du temple d’lnanna à Nippur (D.A. III) dont la tête était en bois, excepté le visage en gypse translucide qui avait été recouvert d’or (Pl. 71). Le corps était également en gypse et le bois avait entièrement disparu (ci-dessous, p. 108). L’identité du personnage se dérobe : déesse, princesse de la ville ? Son caractère individuel milite en faveur d’un portait de quelque grande dame dont la beauté méritait bien de traverser les millénaires.
Le contraste est total avec les têtes en albâtre découvertes en Mésopotamie du Nord, à Tell Brak, dans la vallée du Khabur45. Ces têtes, au nombre de quatre, mais qui devaient être plus nombreuses d’après les petits fragments ramassés, n’ont pas été retrouvées in situ, mais dans un tunnel creusé par des pillards sous le « Temple aux yeux » et, d’après le fouilleur, elles peuvent avoir appartenu au début de la période de Jemdet Nasr. Elles ont en commun un long cou et une haute coiffure et surtout une profonde gorge verticale taillée dans la face postérieure, ainsi que des trous de fixation. La laideur est si poussée qu’elle peut difficilement s’expliquer par la seule maladresse et sans doute trouve-t-on là un esprit tout différent dont la tradition de caricature se perpétuera en Syrie du Nord pendant plusieurs millénaires.
La seule tête intacte (Pl. 28) se présente comme une sorte de masque au menton en galoche, avec de grosses lèvres entr’ ouvertes, un long nez brisé et d’immenses yeux tombant en oblique, liserés d’un bourrelet46. Le front est absent au-dessus de l’arcade sourcilière, mais en arrière part une coiffure en pain de sucre qui n’est guère moins large que le long cou sur lequel repose la tête. Les oreilles ne sont pas indiquées. Tout l’arrière de la tête, qui est plat, est traversé verticalement par une large gorge. Le long cou présente à sa base deux trous latéraux permettant la fixation sur un support ou l’insertion dans un corps sculpté, ce qui est également le cas pour la plus grande tête47. Celle-ci est tout aussi caricaturale avec ses lèvres en relief, serrées sur une moue, son très long nez busqué continuant les arcs en relief des sourcils, ses grands yeux horizontaux cernés d’une mince bordure et perforés d’un petit trou pour la pupille. Les oreilles, très en relief, sont grossièrement formées de deux anneaux concentriques. L’indication des cheveux, en très légère saillie unie, couvre presque entièrement le front, de part et d’autre d’une large raie de milieu. Le tracé est différent, mais le principe des cheveux traités en à-plat est le même que sur le masque de Warka. Le haut de la tête manque ; sans doute se prolongeait-il également en une coiffe conique, sorte de tarbouche, propose M. Mallowan48. Comme pour la petite tête précédente, le dos est évidé, mais plus largement encore et présente deux trous latéraux dans le haut du masque et à la base du long cou. À nouveau la grande dimension pose le problème du support. Une statue en bois ou en bitume, haute de plus d’un mètre, semble plus improbable encore qu’une statue de pierre. D’autre part le fouilleur a noté que bien que le visage soit sculpté en ronde bosse, il était fait pour être vu de face et non de profil. On peut donc admettre que ces têtes, comme celle de Warka, étaient fixées au mur du sanctuaire comme ex-voto par un système de chevilles et de liens, devançant la décoration cultuelle des plaques perforées de l’époque présargonique. Le sexe de ces têtes est bien difficile à préciser49. Nous penchons plutôt pour le sexe masculin, mais à l’opposé du masque de Warka, il ne saurait s’agir de portraits pris sur le vif.
La facture très particulière des lèvres en relief et des yeux cernés d’un léger bourrelet se retrouve sur une tête virile en gypse du temple d’Ishtarat à Mari50. Dès sa découverte, A. Parrot la remontait à l’époque de Jemdet Nasr et la rapprochait des têtes de Brak51.
Animaux
C’est encore d’Uruk et de Suse que provient l’essentiel de la documentation animale protohistorique. Les espèces les plus souvent représentées sont celles du troupeau, telles qu’on les voit défiler sur les cylindres-sceaux de l’époque52 ou sur le registre inférieur du grand vase d’albâtre de Warka53. Il s’agissait de faire fructifier le cheptel qui appartenait aux dieux et en particulier à la déesse Inanna, dont le rôle était d’assurer la fécondité. Son troupeau sort de bâtiments identifiés par la hampe bouclée, symbole de la déesse54. Précisément une chambre du niveau III de l’Eanna d’Uruk contenait, outre le vase d’albâtre, et à côté de tous petits animaux en pierre percés d’un trou pour passer un lien de façon à servir d’amulettes, des têtes de bélier et de mouton attestant des exemplaires de plus grand format55. Dans ce « Sammelfund », découvert en 1933/34, une tête de mouton en grès rougeâtre, d’un beau modelé56 est l’exacte réplique d’une sculpture en terre cuite, acquise par le British Museum57 (Pl. 29) ; la tête de Berlin, creuse en dessous, était remplie de plâtre pour permettre de la fixer sur un support qui devait être le corps de l’animal.
Plus nombreux sont les béliers dont les têtes ont été retrouvées, avec leurs cornes striées sculptées à même, enroulées autour des oreilles, leurs yeux généralement creusés pour l’incrustation et trois lignes arquées superposées soulignant la saillie osseuse de la tempe58. Une grande tête en argile aux yeux sculptés est fruste et peut, comme l’a suggéré E. Heinrich, avoir été recouverte d’une feuille d’or59. Une petite tête de bélier, ajustée par un tenon, avait conservé ses yeux en coquille et en lapis-lazuli60 (Fig. 12).
12. Warka. Tête de bélier. Craie.
La barbiche et la toison de la tête sont indiquées ; les cornes, courtes et ramassées, sont enroulées sur le haut de la tête comme celles d’un bélier couché, dont la tête est tournée à gauche61 (Pl. 30). À part les cornes et une étroite surface striée sur le sommet de la tête, le corps est uni, charnu, sculpté par plans juxtaposés, suivant une technique utilisée également par le graveur de cylindre à Uruk, manifestant ainsi l’unité de l’atelier. Un parallèle frappant est offert par un défilé d’animaux du même Sammelfund62 (Fig. 13). Les traces de l’outil sont encore très visibles sur les flancs de l’animal qui devait être fixé sur un socle par deux trous de mortaise creusés en dessous. Lui-même servait de support, car une tige d’argent est fichée verticalement dans son dos, rappelant les animaux supports d’autel représentés sur le vase d’albâtre et sur des cylindres63, mais tout en observant qu’alors les quadrupèdes sont debout et non couchés. Un avant-train de bélier couché, acquis par le Louvre64, est d’un style assez différent par l’arrondi des genoux et par la façon dont l’extrémité des cornes est décollée du front, mais il présente deux rainures entre le poitrail et les pattes que l’on retrouve sur quelques amulettes de Warka.
13. Warka. Cylindre-sceau : défilé d’animaux.
Un autre animal du troupeau sculpté à Uruk est le taureau, mais un taureau particulier, avec son corps creusé par places pour l’incrustation de motifs floraux en pierres de couleur. Les oreilles, les cornes et les pattes en métal étaient ajustées au moyen de tenons. Un exemplaire debout, la tête tournée à gauche portant une étoile gravée sur le front, avait ainsi des pattes en argent dont seule la paire postérieure s’est conservée (Pl. 31). Les cornes et les oreilles ont disparu, ainsi que les incrustations du corps65. Si ces dernières n’ont pas été retrouvées, cornes et oreilles en métal ou en pierre, de même que des pattes, ont été ramassées isolément parmi le Sammelfund de Warka66. Toutes étaient munies d’un tenon d’enchâssement, qu’il s’agisse de cornes de cuivre ou d’oreilles d’or, de cuivre et de pierre. À côté de petites pattes postérieures en cuivre, se trouvait un bas de patte de taureau avec le sabot, en pierre67, d’une grande exactitude, comme le sont quatre sabots de taureau en cuivre, trouvés à Ur dans le niveau SIS 4-5, sous les tombes royales68. Ils appartenaient à une grande statue qui a fait penser aux taureaux de cuivre d’el Obeid, datés de la 1ère dynastie d’Ur (ci-dessous, p. 134), mais Sir Leonard Woolley a bien précisé que le niveau à cet endroit n’avait pas été perturbé et il n’y a aucune raison d’éliminer l’idée d’une grande statue au corps composite remontant au tout début du IIIe millénaire.
Un taureau couché d’Uruk, au corps creusé de motifs en rosaces à huit pétales69 est la réplique d’un exemplaire acquis par le Louvre, privé également de ses incrustations, de ses yeux, de ses oreilles et de ses cornes ; ici les motifs du pelage sont tréflés en trois cupules70. La provenance de Warka, indiquée d’ailleurs par le vendeur semble sûre. La fonction de support de ces animaux est requise par la cavité creusée dans le milieu du dos, point de départ d’une tradition de taureaux ou plutôt de bisons, porteurs de vase, mais à tête humaine, qui connaissent une grande vogue à la fin du IIIe millénaire (ci-dessous, p. 219 s.) ; mais cela n’explique pas la perforation qui traverse le taureau du Louvre dans toute sa longueur71, particularité qu’offre également un taureau debout du British Museum, dont les pattes ont disparu comme les cornes et les oreilles72. Là le corps n’est pas incrusté et la musculature de l’animal est très poussée.
Les animaux sauvages sont par contre peu représentés en ronde bosse à Uruk, et en particulier le lion, plus souvent figuré en haut-relief sur des vases de pierre73. Il faut cependant signaler un petit lion en cuivre debout74, qui était accompagné d’un autre animal recouvert d’une feuille d’argent, trop oxydé pour être identifié avec certitude, mais qui peut avoir été une panthère75, comme l’exemplaire de félin couché au corps incrusté de lapis-lazuli76 (Fig. 14). L’animal est expressif avec sa tête levée, sa queue à extrémité enroulée sur le côté droit. Une tige de cuivre verticale le traversait de part en part, sortant sous le ventre pour être fixée sur un support.
14. Warka. Félin au corps incrusté de lapis-lazuli. Columelle.
Bien qu’elle ne soit qu’un élément d’un objet disparu, la toute petite tête de loup en électrum, trouvée dans une tombe de la fin d’Uruk à Tépé Gaura, mérite une mention particulière, avec sa gueule ouverte sur des crocs en fil d’électrum, ses oreilles dressées, fixées par des rivets de cuivre que l’oxydation a fait disparaître, ses yeux vidés de leur incrustation77. Fixée à un manche par deux rivets dans le cou, cette tête expressive fait honneur au talent de l’orfèvre mésopotamien du Nord, dans le dernier quart du IVe millénaire.
Ces toutes petites sculptures, lorsqu’elles n’ont pas un trou de suspension qui leur assigne un rôle d’amulette, avaient sans doute une autre raison d’être et pas seulement ornementale. Les unes et les autres font preuve d’une vivacité d’allure et d’un sens de l’observation qui atteint son apogée à Suse avec les animaux des « dépôts archaïques » (ci-dessus, p. 34), campés sur le vif, où la malice le dispute à l’exactitude dans les attitudes humaines données aux animaux sauvages tels que le singe assis, les mains sur les genoux, dans l’attitude recueillie d’un penseur78 (Pl. 32), les ours buvant avidement79, l’ourson moqueur, réduit à son avant-train80, dont les yeux et les oreilles sont incrustés de schiste bleuté, l’oiseau de nuit en bitume à l’œil rond en coquille, ramassé dans le guet de sa proie81, bien différent de la candide colombe morte, pendue par la gorge, les ailes repliées82. Le sens du mouvement est manifeste dans un sanglier galopant, où le détail est sacrifié pour ne donner que l’essentiel, c’est-à-dire l’extension maximum des pattes schématisées et le groin, le petit œil et la grande oreille83. Un sanglier au repos, beaucoup plus près de la nature, signale une autre école à Ur84 : la bête est tapie, la tête reposant sur ses pattes avant. La lèvre supérieure remontant sur les défenses est bien rendue. Une grande encoche au milieu du corps pour une incrustation et un trou dans le dos font de cet animal un support, comme à Uruk.
Les animaux domestiqués ne sont pas absents à Suse : un corps de taureau couché, prolongé par un tenon perforé, montre comment la tête pouvait être rivée85 (Pl. 33) ; un chien couché en pierre porte avec son collier le signe de son apprivoisement86. Mais le sculpteur susien, comme le graveur de sceaux-cylindres, a façonné des animaux mythiques. Ainsi un quadrupède à bosse, gueule ouverte87 rappelle les griffons ailés des empreintes proto-élamites88.
Parmi les animaux « en attitude humaine », chers aux Élamites89, figure une statuette en argent, manifestement élamite, acquise par le Metropolitan Museum90 : il s’agit d’un taureau, agenouillé à la manière des orants de Suse (ci-dessus, p. 35), vêtu d’une jupe ouvragée, qui serre entre ses sabots antérieurs un haut gobelet en argent à bec verseur qu’il tend en avant (Pl. 34). L’ensemble, creux, est fait d’une quinzaine de plaques d’argent soudées, dont la tête a été soudée en dernier, juste avant le vase. Cornes et oreilles sont insérées dans des trous. Les yeux creux étaient peut-être incrustés. Le mufle est rendu avec une grande sensibilité.
C’est également de support que devait servir une lionne dressée en pierre dont le bas des pattes postérieures en métal a disparu91 (Pl. 35). Ici aussi l’analogie d’apparence et d’attitude de tels animaux sur des empreintes proto-élamites de Suse92 donne une quasi-certitude sur la provenance de l’objet dont on a vanté à juste titre l’impression de puissance, renforcée par le bloc que forment la tête tournée, au mufle collé sur l’épaule gauche et les pattes antérieures énormes se terminant sur la poitrine en cinq griffes. Le dessous de chaque cuisse est percé d’un trou de mortaise qui indique des pattes en métal, de même que quatre trous au niveau du coccyx marquent l’insertion d’une queue multiple, à l’imitation de celle que l’on voit sur les empreintes. D’autres trous à l’arrière du crâne, plutôt que destinés à fixer une crinière, assurent cette fonction de support qui explique l’animal dressé.
Lorsque la schématisation prend le dessus, l’identification est malaisée et c’est le cas pour un quadrupède à courtes pattes, au corps massif, au naseau allongé en forme de trompe recourbée vers l’extérieur, aux petites oreilles et aux yeux ronds93. La ressemblance lointaine avec un éléphant, signalée par P. Amiet, se heurte à la morphologie de l’animal, car les très petites oreilles et l’absence de défenses sont en contradiction avec le don d’observation des sculpteurs élamites.
L’art animalier est attesté également dans la métropole de Syrie du Nord retrouvée à Tell Brak, mais principalement sous forme d’amulettes analogues à celles de Warka, en forme de lions, de chèvres, d’oiseaux. Il faut y ajouter des espèces plus particulièrement appréciées et qui ont inspiré de petites statuettes, comme des crapauds94 (Fig. 15) qui n’étaient absents ni à Uruk, ni à Suse95, des singes assis96, des lions couchés (Fig. 16), dont l’un à la tête massive tournée vers la droite97, des ours assis98, tous très bien observés.
15. Tell Brak. Crapaud. Albâtre.
16. Tell Brak. Lion. Albâtre.
La sculpture animale protohistorique est caractérisée par ses petites dimensions. De plus grandes statues ont peut-être existé, mais elles n’ont pas résisté au temps comme l’ont fait des éléments de statues humaines.
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1 Nous adoptons la chronologie d’Edith Porada, dans R. W. Ehrich, Chronologies in Old World Archaeology, 1965, p. 133 ss., résumée dans les tableaux pp. 175-179.
2 Moortgat, Die Kunst, pl. 3-4 ; p. 15. Gypse. Ht. 12/15 cm. Musée de Berlin. — J. Schmidt, BaM 5, 1970, pl. 22 a-b = UVB 26-27, 1972, pl. 30 a : W 21900. Gypse poreux. Ht. 12,4 cm. Musée de Bagdad.
3 Amiet, GMA, pl. 13 bis, M ; pl. 47, 660-661.
4 Moortgat, loc. cit., pl. 5 ; p. 15. Gypse. Ht. 15 cm. Musée de Berlin.
5 Louvre, AO 5718/5719 : H. Lenzen, UVB 16, 1960, pl. 19 a-b = Moortgat, loc. cit., pl. 6-7 ; p. 15 s. Calcaire grisâtre. Ht. 30/31 cm. — Zürich : A. Baissier, Notice sur quelques monuments assyriens à l’Université de Zürich, Genève, 1912, pp. 28-30 ; 2 pl. = Moortgat, loc. cit., pl. 8-10 = Maya Müller, Frühgeschichtlicher Fürst aus dem Iraq, Zürich, 1976, fig. 1 a-d. Calcaire grisâtre. Ht. 25 cm.
6 Amiet, GMA, pl. 47, 660-661, 664-666.
7 Lenzen, UVB 11, 1940, pl. 36 a : W 17895. Grès rouge. Ht. env. 12 cm. L’objet se trouvait dans une couche de débris « ältesten frühdynastischen » (p. 23).
8 Lenzen, UVB 16, 1960, pl. 17, 18, 24 c ; pp. 37-40 = Moortgat, loc. cit., pl. 13 ; p. 16. Marbre. Ht. 18 cm. Musée de Bagdad, IM 61986.
9 Cf. en particulier B. Hrouda, « Zur Datierung frühsumerischer Bildwerke aus Uruk-Warka », dans BaM 5, 1970, pp. 33-44, plus spécialement p. 34 s.
10 Parrot, Sumer, pl. 92 = Moortgat, loc. cit., pl. 14.
11 Amiet, GMA, p. 77 ; pl. 47.
13 G. Cros, NFT, p. 65 et 77 s. = R. Opificius, « Girsu », RLA 3, 1969, p. 396, fig. 2. Albâtre. Ht. 8,3 cm. On ignore ce qu’est devenu l’objet qui n’est pas au Musée du Louvre.
14 La barbe, indiquée par des perforations ou des incrustations, rappelle une des statuettes en ivoire de Safadi, ci-dessus, p. 21, n. 108.
15 Lenzen, UVB 16, 1960, pl. 16 a-c : W 19224 ; p. 37 = Moortgat, loc. cit., pl. 11 ; p. 16. Calcaire gris-vert. Ht. 19 cm. Musée de Bagdad, IM 61985.
16 Frankfort, OIP 60, pl. 1 = The Art, pl. 9 B ; p. 13 = Moortgat, Die Kunst, pl. 12 ; p. 16. Pierre blanche. Ht. 11 cm. Musée de Bagdad.
17 UVB 16, pl. 25 a : W 19223 ; p. 47. Ht. 9 cm. Musée de Bagdad.
18 Amiet, GS, no 570-575, 640-646. Une série analogue a été trouvée à Tchoga Mish par P. Delougaz et H. Kantor : cf. Le Courrier de l’Unesco, nov. 1969, p. 24 s. Ces scènes de cylindres correspondent à la phase C a-b de Le Breton, Iraq 19, p. 105 s., dont les fouilles de Jean Perrot à l’Acropole de Suse ont fourni des équivalents dans la couche 17 : A. Le Brun, Cahiers de la DAFI I, 1971, fig. 44 ; cf. P. Amiet, id., pp. 217-225 et Arts Asiatiques 26, 1973, p. 7 s. Cela signifie que le matériel de la couche 17 est antérieur à Jemdet Nasr représenté par les couches proto-élamites 16-14, et doit déjà être daté d’Uruk. Bien que cette épineuse chronologie du matériel proto-historique de Suse se précise peu à peu, il faudra encore attendre d’autres découvertes décisives pour arriver à une certitude.
19 Amiet, Cahiers de la DAFI 6, 1976, pl. XIX, 1-3 ; p. 63. Albâtre. Ht. 3,7 cm. Louvre, Sb 6902.
20 Kantor, « Excavations at Chogha Mish : 1974-1975 », The Univ. of California, Los Angeles, 2nd Annual Report… of the Institute of Archaeology 1974-75, fig. 8, p. 18 ; p. 11. Os. Ht. 3,55 cm. Musée de Téhéran.
21 Amiet, Cahiers de la DAFI 6, pl. XVII ; p. 61 s. « Pierre d’aspect gréseux gris vert ». Ht. 18 cm. Larg. 6,2 cm. Musée de Suse.
22 Id., pl. XVIII, 3-4. Albâtre. Ht. 1,8 cm. Louvre, Sb 9083.
23 M. J. Stève, H. Gasche, L’Acropole de Suse, Mémoires XLVI, 1971, pl. 29, 12 ; pl. 88, 1 ; p. 145 ss. Cuivre. Ht. 7,2 cm. Louvre, Sb 7281.
24 Id., pl. 29, 4 et 88, 2. Cuivre. Ht. 8,2 cm. Musée de Téhéran.
25 Mallowan, « Excavations at Brak and Chagar Bazar », Iraq 9, 1947, pl. XXXII, 6. Ht. 3,3 cm.
26 Id., p. 50 s.
27 Suse, site et musée, Téhéran (sans date), pl. IX ; p. 50. Cuivre. Ht. de la fig. env. 3 cm. Musée de Suse. — Un autre exemple de Suse, mains jointes, de même style, surmontait probablement aussi une épingle. Cuivre. Ht. 3 cm. Louvre, Sb 6876 (inédit).
28 Amiet, Cahiers de la DAFI 6, pl. XVIII, 1-2, 5-6. Albâtre. Ht. 5,5/5 cm. Louvre, Sb 396 ; Sb 3033.
29 H. R. Hall, BMQ 4, 1929-30, pl. 20. Calcaire, calcédoine. Ht. env. 5 cm. British Museum.
30 Amiet, GMA, pl. 19-21 ; CS, pl. 89-90. — Louis Le Breton, dans Iraq 19, 1957, p. 112, avait déjà signalé ce rapprochement. Un cylindre en pierre rouge avec des femmes assises, gravées à la bouterolle, a été trouvé dans la couche 17 de l’Acropole de Suse : Suse, site et musée, p. 51.
31 Le Breton, loc. cit., p. 109 et fig. 32.
32 Des petits vases d’albâtre, analogues à ceux des dépôts de 1909, ont été retouvés dans les fouilles stratigraphiques de l’Acropole entre 1969 et 1972, à la couche 17, dernière couche de l’époque protourbaine : A. Le Brun, « Recherches stratigraphiques à l’Acropole de Suse (1969-1971) », Cahiers de la DAFI I, fig. 54, 2,4. Un vase zoomorphe en albâtre en forme de hérisson de la même couche 17 est signalé dans Suse, site et musée, p. 50. Mais il faut noter aussi les analogies entre les animaux des dépôts et ceux du Sammelfund de Warka qui appartient au niveau IIIa = fin Jemdet Nasr (ci-dessous, p. 39 ss.). Cf. E. Heinrich, ADFU I.
33 R. de Mecquenem, RT 33, 1911, p. 54, fig. 19 et p. 52, fig. 15 = Amiet, Élam, pl. 91-92. Albâtre. Ht. 11,8 et 6,3 cm. Louvre, Sb 69, Sb 70.
34 Amiet, Élam, p. 128 s.
35 Frankfort, OIP 60, pl. 45 E, n 289 ; p. 9. Calcaire. Ht. 7,9 cm. Chicago, Oriental Institute, A 21742. Le parallèle est encore plus frappant avec la statuette de Suse, Sb 68 : Mémoires XIII, pl. XXXIX, 8. Ht. 6 cm.
36 Mecquenem, loc. cit., p. 55, fig. 21 = Amiet, Élam, pl. 94. Albâtre. Ht. 10,7 cm. Louvre, Sb 71.
37 Mecquenem, loc. cit., p. 51, fig. 14 = Amiet, Élam, pl. 48. Calcaire jaune. Ht. 6,7 cm. Louvre, Sb 72.
38 Cf. A. Spycket, Les statues de culte, 1968, p. 13.
39 Nöldeke, Lenzen, UVB 11, 1940, pl. I ; 21 ; 32 ; p. 19 ss. Ht. 21,5 cm. Musée de Bagdad, IM 45434.
40 Frankfort, The Art, 1954, p. 12 s. — Parrot, Sumer, 1960, p. 86. — Moortgat, Die Kunst, 1969, p. 23.
41 H. Frankfort a souligné que la fabrication des statues de pierre en plusieurs morceaux était nécessaire en Mésopotamie à cause du manque de pierre, alors qu’en Égypte une avarie à une statue obligeait à l’abandonner : OIP 44 , p. 39.
43 Le procédé d’un relief appliqué sur un support, mur ou autre, est en effet attesté à Warka par les fragments d’un personnage dont il reste des éléments de tête et d’épaule à peu près grandeur nature : Lenzen, UVB 14, 1958, pl. 42 a ; p. 37. Mme Eva Strommenger, dans BaM 6, 1973, pp. 19-27, pl. 3-6, a dissocié ces fragments qui, selon elle, n’appartiennent pas tous au même relief. La lumière ne peut être faite sur l’arrière-plan de ce relief.
44 Lenzen, UVB 11, p. 21. — Frankfort, The Art, p. 13.
45 Mallowan, Iraq 9, 1947, pl. I-II ; pp. 91-93.
46 Mallowan, loc. cit., pl. II, 3 a-c = Moortgat, Die Kunst, pl. 28 ; p. 24. Albâtre. Ht. 9,2 cm. Musée d’Alep.
47 Mallowan, loc. cit., pl. I = Moortgat, Die Kunst, pl. 27. Albâtre. Ht. 17 cm. British Museum.
48 Mallowan, loc. cit., p. 91.
49 La plus grande était plutôt virile pour M. Mallowan, loc. cit., p. 91, mais féminine pour H. Frankfort, The Art, p. 135 et pour A. Moortgat, Die Kunst, p. 24.
50 Parrot, Syria 30, 1953, p. 218 s., fig. 16 = MAM III, 1967, p. 73 s., fig. 98. Gypse. Ht. 8,9 cm. Musée d’ Alep.
51 Syria 30, p. 219, n. 1. La référence n’a pas été maintenue dans MAM III.
52 P. Amiet, GMA, pl. 22-25, 32-34.
53 A. Parrot, Sumer, pl. 87-90 = Moortgat, Die Kunst, pl. 19-21.
55 E. Heinrich, ADFU I, pl. 4-8 ; amulettes : pl. 9-13.
56 Id., pl. 7 a, 8 b ; p. 17 = Frankfort, The Art, pl. 4 B. Grès. Ht. 9 cm ; long. 15 cm. Musée de Berlin, VA 11026.
57 T. C. Mitchell, BMQ XXIII, 1960-61, pl. XLII b ; p. 100 s. = Strommenger-Hirmer, Cinq millénaires, fig. 29 en haut. Terre cuite. Haut. 9,5 cm ; long. 13,6 cm. British Museum, 132092.
58 ADFU I, pl. 4 b, 8 a ; p. 17 s. Serpentine. Long. 11 cm. Musée de Bagdad. — UVB 11, 1940, pl. 33 a-c = Moortgat, Die Kunst, pl. 22-23. Calcaire bitumineux. Long. 14,5 cm. Musée de Berlin.
59 ADFU I, pl. 5 a-b ; p. 5, 18. Terre mal cuite mélangée de paille hachée. Haut. 14 cm ; long. 23 cm. Musée de Berlin, VA 11027.
60 Lenzen, UVB 16, 1960, pl. 20 f-h ; p. 40 s. Craie. Haut. 3,4 cm. Musée de Bagdad.
61 ADFU I, pl. 6 a-b, 7 b-c ; p. 17 = Frankfort, The Art, pl. 4 A. Pierre noire. Long. de la base : 9,3 cm. Ht. 10 cm. Musée de Berlin, VA 11025. — Exemplaire tout à fait semblable, mais plus petit, dans la coll. Nies à New Haven : Nies-Keiser, BIN II, 1920, pl. LXII, m. Serpentine noire. Ht. 5 cm. NBC 2549.
62 ADFU I, pl. 19 a = Amiet, GMA, 621.
63 Cf. ADFU I, pl. 17 a= Amiet, GMA, 655.
64 Contenau, MAO IV, fig. 1077, p. 1988. Marbre. Ht. 8,5 cm. Louvre, AO 18887.
65 UVB 7, 1936, pl. 24 b = Moortgat, Die Kunst, pl. 25. Calcaire. Long. 8 cm. Musée de Bagdad. Les dernières fouilles stratigraphiques sur l’Acropole de Suse ont livré un fragment de corps en albâtre d’un taureau debout dont le flanc est creusé d’une grosse cupule entourée de quatre petites. Il se trouvait dans la couche proto-élamite 14 B : A. Le Brun, Cahiers de la DAFI I, 1971, fig. 70. no 14.
66 ADFU I, pl. 14 a-d ; p. 27 s. Bagdad et Berlin.
67 Id., pl. 14 d. Calcaire dur. Ht. 5,8 cm. Musée de Bagdad.
68 Woolley, UE IV, 1956, pl. 29 : U. 14462 ; p. 38. Diam. 11 cm. Bagdad, Londres, Philadelphie.
69 UVB 1, 1930, pl. 19 = Meyer, Altor. Denkmäler, pl. 14. Pierre noire. Ht. 10,5 cm. Musée de Berlin, VA 10108.
70 Contenau, MAO IV, fig. 1079, p. 1992. Pierre noire bitumineuse. Ht. 12,5 cm ; long. 23 cm. Louvre, AO 7021.
71 P. Amiet, dans Les Antiquités Orientales au Musée du Louvre, 1971, p. 26, propose d’y voir un robinet. Un exemplaire analogue, acéphale, est conservé dans la Yale Babylonian Collection : Archaeology 15, 1962, p. 268.
72 Contenau, MAO IV, fig. 1080, p. 1992 = Strommenger-Hirmer, 5 millénaires, pl. 29 en bas ; p. 57 s. Calcaire gris. Long. 21,6 cm. British Museum, 116686.
73 ADFU I, pl. 22-23. Cf. Parrot, Sumer, pl. 95.
74 ADFU I, pl. 13 a = Moortgat, Die Kunst, fig. 10. Cuivre. Long. 4,7 cm. Musée de Berlin, VA 11033.
75 ADFU I, p. 25 : W 14766 b. Long. env. 5,5 cm. Musée de Berlin, VA 11034.
76 Id., pl. 13 f. Columelle et lapis-lazuli. Long. 4,8 cm. Musée de Bagdad.
77 Tobler, Exc. at Tepe Gaura II, 1950, pl. LIX, b et CVIII, 65. Long. 3 cm. Musée de Bagdad.
78 Amiet, Élam, pl. 74. Albâtre. Haut. 13,5 cm. Louvre, Sb 119.
79 Id., pl. 72-73. Albâtre. Haut. 10 et 12 cm. Louvre, Sb 2984, 2983.